Michèle Bidart

Michèle Bidart, est la maman d’un jeune homme autiste, victime de viol dont l’agresseur présumé a été acquitté.

En décembre 2008 la Cour d’assises de la Marne a acquitté l’homme poursuivi pour le viol aggravé du jeune homme handicapé, sans que le Parquet ne fasse appel de cette décision alors que le Procureur avait requis 15 ans.

Le fils de M. et Mme Bidart, autiste Asperger majeur, n’a plus aucun recours possible contre son agresseur ; la loi ne prévoyant pas de droit d’appel pénal pour les victimes.

Mme Bidart a rejoint le collectif de victimes de l’Institut pour la Justice pour témoigner de cet outrageant dysfonctionnement de la Justice.

Le Procureur a réclamé une peine de 15 ans contre le violeur de votre fils, quels ont été les éléments retenus à charge?

Les agressions dont mon fils a été victime et les séquelles physiques et psychologiques ont été prises en compte. L’expertise médicale a révélé deux fissures annales.

Les experts qui ont étudié le comportement de mon fils et son psychothérapeute qui a témoigné sont unanimes. Mon fils n’a aucune possibilité d’imaginer ce type d’agression, son niveau d’information en matière sexuelle est comparable à celui d’un enfant de 6 ans. Il a une mémoire étonnante, surtout des détails…

La probabilité d’une affabulation est exclue. Il lui faudra vivre avec cette douloureuse humiliation toute sa vie !

Les experts ont confirmé la crédibilité de ses accusations et de celles d’un autre garçon mineur, présent à l’audience. Ces deux victimes n’ont hélas pas été les seules. Il y en a eu d’autres avant ! La première connue a été le petit frère de l’accusé, âgé de 5 ans au moment des faits. Un autre jeune homme handicapé mental léger et deux autres garçons ont également été cités. Ce violeur est un récidiviste.

Le procureur a également tenu compte de l’avis des experts qui concluent à un pervers dangereux accessible à une sanction pénale.

Comment l’acquittement a-t-il pu être prononcé ?

Ce procès était inégal. Nous avons eu affaire à un individu redoutable. L’accusé s’est présenté comme une victime. Il a nié les faits. Chaque fois qu’il a pris la parole il s’est exprimé avec éloquence comme s’il jouait un rôle. Il était convaincant. Le Président et la cour étaient sous le charme…oubliant les faits.

Il est évident que mon fils n’a pas les mêmes facilités pour s’exprimer et pour comprendre les questions. Il a été malmené par la partie adverse qui a abusé de son handicap. La confrontation avec son agresseur l’a beaucoup fragilisé.

Le Parquet n’a pas fait appel de cette décision, alors que le procureur avait requis une lourde peine, comment l’expliquez-vous ?

Je suis dans une totale incompréhension comme les autres victimes, témoins à ce procès. Le procureur reconnaît la culpabilité de l’accusé et cela se termine par un acquittement !

La victime ne peut pas compter sur le Parquet. Il ne nous a laissés aucune possibilité de nous défendre. Nous sommes totalement démunis, nous n’avons plus aucun recours pénal. Le procès est clos et l’accusé est libre de recommencer.

C’est un scandale ! Je suis indignée qu’une victime soit privée de ce droit d’appel et que mon fils soit réduit au silence !

Que ressentez-vous après cette épreuve judiciaire ?

Nous sommes abandonnés et c’est une grande souffrance. Ce procès ne nous a pas permis de tourner la page. Mon fils ne comprend toujours pas pourquoi son agresseur n’a pas été puni. Je ne parviens pas à lui expliquer cette injustice. Il ne va pas bien… Il suivait une psychothérapie et ce procès faisait partie de sa reconstruction. Il en avait besoin pour aller mieux.

Je ne suis pas résignée. Je continue à me battre pour mon fils handicapé et pour les autres qui sont la proie de ces prédateurs. Il faut que la Justice protège les victimes en leur donnant les moyens de se défendre.

Le témoignage de Michèle Bidart 

 

Le combat de l’Institut pour la Justice

L’égalité des droits pour les victimes

Parce qu’il n’existe aucune bonne raison de placer la victime en situation d’infériorité juridique par rapport à son agresseur présumé, il convient de donner à la victime une place à part entière dans la procédure pénale, avec en particulier le droit de faire appel de toutes les décisions de Justice.

Maître Stéphane Maitre, expert auprès de l’Institut pour la Justice, prône un renforcement des droits des victimes

 

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