Extrait de l’interview de Me Guillaume Jeanson :
Autre fait inquiétant, l’âge des victimes est parfois, comme ici, dramatiquement jeune. Cinq mineurs ont par ailleurs été interpellés à la suite de cette rixe. De quoi est-ce le symptôme?
Il est le symptôme effrayant du développement d’une culture de la violence chez les plus jeunes qui apparaît souvent corrélée – pour ne pas dire favorisée – par l’effacement des adultes.
Dans son enquête sur les banlieues françaises intitulée «la loi du ghetto» et réalisée il y a presqu’une décennie, Luc Bronner dressait déjà le constat d’un «effacement des adultes» et «d’un renversement des hiérarchies» dans ce qu’il appelait alors «les ghettos français»: «Aux portes de la république, se sont constituées des contre-sociétés, avec leur hiérarchie, leurs lois, leurs rapports sociaux, leurs valeurs. Et une forme de domination adolescente probablement inédite, en France comme en Europe.» Le journaliste appelait d’ailleurs à «restaurer un ordre générationnel». D’autres écrits, à l’instar de ceux d’Hugues Lagrange ont pu aussi faire couler beaucoup d’encre.
Derrière la question de l’effacement de l’adulte, se pose en réalité celle du rôle que jouent ou ne jouent pas les familles. Les profils des mineurs les plus endurcis témoignent souvent d’une absence de conscience de la gravité des conséquences de leurs actes, à l’origine de troubles du comportement qu’il convient de traiter au plus tôt afin de favoriser l’intégration de ceux qui en sont atteints.
C’est aussi hélas le signe d’une faillite de la famille. Or ce point est essentiel. Car, que ce soit dans la rue ou à l’école, si l’État doit bien sûr jouer son rôle, les parents doivent aussi impérativement investir le leur du mieux possible, pour éduquer, éveiller au discernement et protéger.