Tribune

Agression des deux surveillants pénitentiaires : combien d’autres drames avant de prendre des mesures?

Le porte-parole de l'Institut pour la Justice, Me Guillaume Jeanson, réagit dans le Figarovox à l'agression de deux personnels pénitentiaires à la prison de Condé sur Sarthe. Son constat est inchangé depuis plusieurs mois : il faut du concret avec davantage de prisons à sécurité véritablement renforcée.

Publication
7 mars 2019
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson dans le FigaroVox :

Déjà l’année dernière, les syndicalistes alertaient quant au fait que désormais «on agresse pour tuer», que «maintenant les détenus ont une pratique, ils visent la carotide.». Ils réclamaient aussi des formations: «certains surveillants n’ont pas eu d’entraînement aux tirs depuis des années et (n’ont) aucune connaissance du milieu terroriste». Ils déploraient que «80% des terroristes circulent dans des conditions de détention classiques (…) la diaspora de ces prisonniers problématiques fragilise toutes les prisons (…) Car ils peuvent continuer à faire du prosélytisme et du recrutement. Voire organiser des attentats. Un danger pour les surveillants, mais plus largement pour toute la société.»

Depuis, certains quartiers «d’évaluation de la radicalisation» et «de prise en charge de la radicalisation» ont ouvert. Il y en avait d’ailleurs à Condé-sur-Sarthe. Mais Chiolo n’y était pas hébergé. Il bénéficiait au contraire, une nouvelle fois, d’un séjour en «Unité de Vie Familiale». Peu connues du grand public, ces unités d’inspiration canadienne ont été développées en France à partir de la loi pénitentiaire de 2009 pour préserver les liens familiaux. Plus concrètement, il s’agit – pour reprendre les termes exacts de l’article R.57-8-14 du Code de procédure pénale – d’un local spécialement conçu afin de permettre aux personnes détenues de recevoir, sans surveillance continue et directe, des visites des membres majeurs de leur famille ou de proches majeurs accompagnés, le cas échéant, d’un ou de plusieurs enfants mineurs, pendant une durée comprise entre six heures et soixante-douze heures. Chaque détenu peut, en principe, en bénéficier au moins une fois par trimestre. Chiolo y avait-il sa place?

Depuis, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a pris plusieurs mesures: étanchéité, passe-menottes, équipements… Acheminée sur les lieux en fin de journée, après avoir tenue aux côtés de Marlène Schiappa, un «grand débat» à la maison d’arrêt des femmes de Versailles, elle a promis une mission de l’inspection générale de la justice pour savoir comment le couteau en céramique utilisé par Chiolo était entré en prison. Le rapport est attendu pour le mois prochain. Faut-il pourtant vraiment en attendre les conclusions pour s’étonner d’une réalité bien connue des spécialistes: oui, les couteaux en céramique «passent» la plupart des portiques de sécurité. La ministre a souligné qu’il faudra «tirer à froid les conséquences de ce qui s’est passé». Comment se fait-il alors que, dans des prisons dites «hautement sécurisées», on n’en tire pas justement les conséquences pour repenser la politique des fouilles?

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