Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson :
Le départ de Gérard Collomb sonne toutefois différemment. Celui qui restera désormais comme le premier ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron préférerait-il vraiment, au son strident des sirènes de Beauvau, le chant de celles de sa Cité antique? Le message alarmiste qu’il a délivré lors de son discours de passation de pouvoirs avec le Premier ministre, Édouard Philippe, laisse planer le doute: «Je suis allé dans tous ces quartiers, la situation est très dégradée (…) aujourd’hui on vit côte à côte, et je le dis toujours, je crains que demain on vive face à face.»
À entendre cette mise en garde on ne peut s’empêcher de penser, en effet, que le départ de Gérard Collomb a peut-être une autre raison. Ce départ ne tiendrait-il pas davantage à une perte de confiance envers le président de la République, dont il ne préférerait pas avoir à assumer, lors de la fin du quinquennat, le bilan en matière de sécurité qu’il semble prédire désastreux?
Car ce message délivré dans son discours tonne comme une critique à peine voilée. Surtout si l’on se remémore les mots qui étaient les siens, en mai 2017, lors de son arrivée place Beauvau: «J’ai toujours pensé en tant que maire de Lyon que la tranquillité était la première des libertés publiques. Lorsqu’on est une personne âgée, que l’on rentre chez soi le soir, on ne doit pas avoir d’appréhension. Lorsqu’on est une jeune femme, qu’on prend les transports en commun, on doit pouvoir le faire sans crainte. Et donc je lutterai de manière énergique pour faire en sorte que l’insécurité puisse reculer dans notre pays. Qu’il n’y ait pas de zones de non droit. Que le délit, que l’incivilité, puissent être immédiatement sanctionnés. (…)»