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Attaque du commissariat de Champigny

Attaque du commissariat de Champigny: l’arbre qui cache la forêt
FIGAROVOX/TRIBUNE - Une quarantaine de personnes se sont attaquées samedi 10 octobre au soir au commissariat de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) avec des tirs de mortier d’artifice. Selon Pierre-Marie Sève, la justice doit se réformer afin d’assurer une réponse pénale forte et le respect de l’État.

Publication
13 octobre 2020
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Le 6 octobre au soir, à Herblay, dans le Val d’Oise, deux policiers ont subi une tentative de meurtre. Au cours d’une enquête banale, trois hommes se sont rués sur les fonctionnaires, les ont sortis de leur voiture, leur ont fracturé le crâne et tiré dessus au moins 7 fois avec leurs propres armes de service.

Dans la nuit du 10 au 11 octobre, toujours en région parisienne, ce sont une quarantaine de personnes qui se sont attaquées au commissariat de Champigny-sur-Marne. Avec des dizaines de tirs de feux d’artifice, ce que l’on peut littéralement appeler un «siège» a duré près d’une heure. Il n’y a toutefois eu aucun blessé dans l’attaque, même si les locaux et de nombreux véhicules de police ont été dégradés.

Un rapport de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice fait état d’une hausse de 60 % entre 2017 et 2018 du nombre de policiers blessés par arme en mission.

Ces attaques sont intolérables et choquantes, mais ne sont qu’une infime partie de ce qui se passe au quotidien en France. S’ils font la une des journaux aujourd’hui, ces phénomènes sont en explosion depuis des années et les statistiques le prouvent.

Faut-il rappeler qu’en juin dernier, lors d’une manifestation pour Adama Traoré, c’était le commissariat de Clichy qui s’était fait attaquer en plein jour au vu et au su de tous? Faut-il rappeler que le commissariat de Champigny-sur-Marne avait subi une attaque selon le même mode opératoire déjà en avril dernier?

Un rapport de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice fait état d’une hausse de 60 % entre 2017 et 2018 du nombre de policiers blessés par arme en mission. Ce malaise peut être mis en parallèle avec le nombre de suicides que vit la police. Un rapport parlementaire de 2018 faisait état d’un taux de suicide 36 % plus élevé dans la police que dans la population générale.

Ce sont également les agressions contre les pompiers qui provoquent l’incompréhension dans la population en général. Selon l’ONDRP, ils sont 3411 à avoir déclaré une agression en service en 2018, soit en hausse de 21 % sur un an. Sur 10 ans, la hausse est encore plus spectaculaire avec une augmentation de 213 % des faits d’agressions. Le constat pourrait être produit pour les médecins qui déclarent année après année une hausse continue des agressions qu’ils subissent.

Le nombre de faits de cette nature est inquiétant, mais c’est également la forme qu’ils prennent qui doit retenir l’attention. Lors de son audition au Sénat, le criminologue Alain Bauer évoquait cette profonde mutation de l’opposition que subissent les policiers: «Auparavant, les policiers ou les gendarmes étaient la cible de violences lorsqu’ils intervenaient de manière impromptue, au milieu d’une situation où leur présence était perturbatrice. (…) La donne est nouvelle: l’on est mis en cause dans sa propre identité, alors même que l’on n’est pas générateur d’un élément qui justifiait jusqu’à présent la confrontation due à la surprise». Il prophétisait ainsi les agressions de ces derniers jours où les policiers ont été attaqués sans même avoir été impliqués dans un incident direct.

Ces gangs sont entrés dans un rapport de force avec l’État, signe qu’ils sont ont atteint un certain niveau de confiance en leur force et en l’impuissance de l’institution.

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