Interview

Cessons de mépriser les Gilets jaunes et condamnons les casseurs

Me Guillaume Jeanson, porte-parole de l'Institut pour la Justice, répond aux questions du Figaro après la manifestation du 1er décembre et les très nombreuses violences et dégradations que l'association condamne fermement. Il insiste pour que les casseurs soient condamnés à la mesure de leurs actes et que le gouvernement entende la révolte populaire légitime.

Publication
6 décembre 2018
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de l’interview de Me Guillaume Jeanson dans le FigaroVox:

Les émeutes étaient prévisibles?

En tout cas, elles n’étaient pas imprévisibles. Nombreux étaient ceux à s’inquiéter de ce qui allait survenir pour ce troisième épisode de contestation massive.

Mais ce qui était sans doute plus surprenant cette fois-ci, c’était cette sorte de «convergence des luttes», à tout le moins spatio-temporelle, qui s’est opérée presque spontanément: on a vu par exemple le comité en mémoire d’Adama Traoré et les cheminots rejoindre les Gilets jaunes. Il y a comme un drôle de mélange des revendications, qui en faisant se rencontrer des gens très différents sur le pavé, peut générer une véritable poudrière. Un seul mot d’ordre semble les rassembler: tout est bon pour montrer l’hostilité populaire face à Emmanuel Macron.

Autre chose: je crois que la récurrence des scènes de pillage et de saccage à Paris est vraiment préoccupante. Car ces scènes se sont multipliées ces derniers mois et ces dernières années: bien sûr, à chaque fois il y a un nouveau prétexte, tantôt le nouvel an, tantôt la coupe du monde, tantôt Halloween, tantôt les manifestations contre la réforme du travail ou le sacre du PSG sur le Trocadéro… Mais ces images de violences et de dégradations se banalisent, alors que cela n’a rien d’anodin. Et puis cela crée une surenchère: s’ils veulent marquer le coup, les Gilets jaunes doivent aller plus loin encore, à chaque fois. Que se passera-t-il samedi prochain? L’escalade des violences doit être endiguée urgemment.

Par ailleurs, il se murmure en haut lieu que les services de renseignement s’inquiètent également du risque terroriste: moins visible du public, il n’en demeure pas moins terriblement persistant. Les forces de l’ordre sont sollicitées en permanence, l’État semble parfois jouer ses dernières cartouches – samedi soir, la BRI a été mobilisée. Comment pourraient-elles mener de front efficacement chacune de leurs missions? Du reste, les Gilets jaunes peuvent offrir une cible de choix. Tout ne saurait se régler par des coups de menton.

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