Tribune

Contre l’ensauvagement de la société, la réponse doit aussi être pénale

Me Guillaume Jeanson, porte parole de l'Institut pour la Justice et avocat au Barreau de Paris, parle de l'ensauvagement de la France, au regard de la hausse des violences gratuites en France. Il explique en quoi la réponse pénale doit être automatique et adaptée pour y faire face.

Publication
24 septembre 2018
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson :

« Le nombre de «violences gratuites» ne cesse de croître en France. Il frise désormais le record de 1 000 actes quotidiens avec une moyenne de 956 agressions par jour. Les policiers s’inquiètent d’un autre phénomène émergeant: l’exhibition de la haine. Certaines rixes désormais filmées, font l’objet de compilations virales sur les réseaux sociaux. Selon un sondage réalisé il y a quelques mois par l’institut Odoxa, 66 % des Français indiquent se sentir en insécurité de manière ponctuelle et 85 % estiment avoir un rôle à jouer dans la sécurité du quotidien. Les rapports sociaux se tendent. La peur s’accroît. Les gens s’arment. Depuis janvier, les forces de l’ordre ont ainsi procédé à 21 253 mises en cause pour port d’arme prohibée contre 19 761 à la même période de l’année précédente.

Les statistiques ne disent pourtant pas tout. Elles sous-estiment certainement encore le phénomène, car beaucoup d’agressions ne sont jamais rapportées à la police et enregistrées dans les statistiques officielles. De plus les gens s’adaptent, adoptent des comportements d’évitement, prennent plus de précautions, ce qui ralentit la croissance des statistiques mais au prix d’une dégradation considérable de la qualité de la vie et du lien social. Malgré cela, à l’école, dans les hôpitaux, dans les cabinets médicaux, dans les transports en commun ou dans la rue, les témoignages affluent tous les jours de cette brutalisation des mœurs: le recours à la violence, et parfois à une violence extrême, pour les motifs les plus futiles. Le mur du déni public commence lui aussi peu à peu à se lézarder. Les analystes de l’ONDRP décrivent «des comportements plus impulsifs, un passage à l’acte plus rapide». Le ministre de l’Intérieur concède qu’«il y a des territoires où, malgré l’engagement quotidien des forces de l’ordre, s’est installée la loi du plus fort».

Les causes de cette brutalisation des mœurs sont nombreuses et il est certainement très intéressant d’essayer de les recenser, mais dès lors que l’on se place dans une perspective d’action publique, rechercher les seules «causes profondes» d’un phénomène pour agir promet d’être une impasse. À côté de ce chantier long et nécessaire, les pouvoirs publics doivent donc agir au plus vite sur ce qui demeure à leur portée: rétablir une réponse pénale crédible. C’est-à-dire une réponse rapide et véritablement proportionnée. »

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