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Déflation carcérale : l’Institut pour la Justice débat sur Sud Radio

   

Publication
29 juillet 2015
Durée d'écoute
48 min 32
Média
Sud Radio
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Déflation carcérale : l’Institut pour la Justice débat sur Sud Radio

Alexandre Giuglaris, délégué général de l’Institut pour la Justice, était invité par Sud Radio à débattre sur la déflation carcérale avec les députés Dominique Raimbourg, député de Loire-Atlantique et rapporteur de la réforme pénale, et Joaquim Pueyo, député de l’Orne et ancien directeur de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.

Davantage de places de prison et un meilleur suivi des détenus

Alexandre Giuglaris estime qu’il est indispensable de garantir l’exécution des peines pour lutter contre la criminalité actuellement en hausse. A ce jour, il manque au moins 20 000 places de prison à la France juste pour atteindre la moyenne européenne des capacités d’accueil. Au-delà de la question du nombre de places, l’enjeu de la politique carcérale est de donner à la prison les moyens de lutter contre la récidive à savoir la développement du travail en milieu carcéral, la lutte contre les addictions, et les obligations de soins qui optimisent les chances de réinsertion des détenus. Il regrette que les mesures d’accompagnement prévues par la réforme pénale soient réservées au milieu ouvert alors qu’elle sont indispensables au milieu carcéral.

Une déflation carcérale souhaitée sur la base du mythe du « tout carcéral »

Alexandre Giuglaris rappelle que l’étude d’impact de la réforme pénale prévoyait une déflation carcérale de plusieurs milliers de détenus. Il ne s’agit donc là que d’un début. Les défenseurs de la réforme pénale ont beau nier que cette déflation carcérale soit l’objectif du texte, elle en est indéniablement une de ses principales conséquences.

Alexandre Giuglaris affirme que cette déflation carcérale est pleinement assumée par le gouvernement pour lutter contre la surpopulation sans pour autant cibler les véritables causes de la délinquance. En effet, la garde des Sceaux désigne la prison comme responsable de la récidive, ce qui est faux.

La prison est loin d’être la réponse pénale la plus utilisée par les magistrats en France puisqu’elle ne représente que 20% des condamnations. De plus, la majorité des peines de prison prononcées sont de courtes durées. Ces courtes peines arrivent après un parcours délinquant où les différentes alternatives à la prison n’ont pas donné satisfaction. Les petites peines sont un révélateur de faillite des peines alternatives.

La construction de places de prison est une priorité face à la hausse de la criminalité

Le délégué général de l’IPJ rappelle que l’objectif d’une politique pénale est de faire baisser la criminalité. La délinquance augmente, notamment les atteintes physiques aux personnes. Pour être efficace, la réponse doit être globale en regroupant prévention, dissuasion, sanction et réinsertion, mais rien n’a été prévu dans la réforme pénale pour aller dans ce sens. Les dispositions n’ont pour simple but que la déflation carcérale. Même le Premier ministre Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, défendait la nécessité de construire des places de prison.

Alexandre Giuglaris rejette l’argument du coût des prisons. Il s’agit ici d’une des missions essentielles de l’Etat au même titre que les tribunaux, c’est un coût qui doit impérativement être assumé.

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