Extrait de l’entretien avec Me Guillaume Jeanson :
Atlantico : Suite au décès par balle d’un homme qui aurait tenté de se soustraire à un contrôle de police en fonçant sur les forces de l’ordre, à Nantes, et aux événements de violences urbaines qui s’en sont suivies, ne peut-on pas constater, de la part des Français, une forme d’injonction paradoxale entre besoin et recherche de sécurité et une certaine condamnation des moyens utilisés pour ce faire ? Nos attentes en matière de sécurité et de police sont-elles déconnectées des impératifs de sa mise en oeuvre ?
Maître Guillaume Jeanson : Je ne suis pas convaincu que cette injonction paradoxale soit si présente dans la population en général. Bien qu’il faille évidemment rester prudent sur le drame qui s’est joué à Nantes, du moins le temps que l’enquête des différents services dont l’IGPN soit menée jusqu’à son terme, un décalage sensible apparaît déjà entre les médias et le reste de la population. Entre la manière dont une partie de la presse traite de ces évènements et celle dont les lecteurs réagissent. Deux uniformités de tons s’opposent et ce, sur les supports les plus divers.
Si injonction paradoxale il y a, elle tient à une dualité entre ceux qui vilipendent l’action des forces de l’ordre d’une part et ceux qui sont les victimes des agissements contre lesquels luttent ces forces de l’ordre d’autre part. Patrice Ribeiro, commandant de police et secrétaire général du syndicat synergie officiers l’évoquait d’ailleurs assez bien il y a quelques mois lors d’un entretien qu’il accordait à l’institut pour la justice : « Le drame quotidien de nos collègues qui exercent dans les territoires les plus durs c’est de savoir qu’ils s’exposent à la violence, la délation et les fakenews, la stigmatisation vite relayée par les médias pour simplement rendre service à nos milliers de concitoyens qui sont pris en otage dans ses quartiers par une poignée de multirétirants nuisibles qui les ont mis en coupe réglée et font régner la terreur. Ceux qui n’ont pas les moyens financiers de déménager attendent que les services publics ne les abandonnent pas car ce sont les derniers liens avec la République et l’Etat de droit. »