Tribune

«Il faut faire cesser la haine anti-flics»

Dans une tribune pour le FigaroVox, l'Institut pour la Justice, par la plume de son porte-parole Me Guillaume Jeanson, analyse le phénomène de haine "anti-flics" qui contamine à très grande vitesse les médias et les réseaux sociaux et qui déclenche émeutes et destructions.

Publication
27 mai 2020
Durée de lecture
2 minutes
Média
FigaroVox

Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson dans le FigaroVox :

Un accident de moto-cross ayant tragiquement entrainé la mort à Argenteuil d’un jeune homme de dix-huit ans ce week-end a encore enflammé plusieurs quartiers ces derniers jours. La police, immédiatement désignée coupable par la vindicte publique, semble aujourd’hui mise hors de cause par les premiers éléments d’enquête révélés par le parquet de Pontoise. Selon ce dernier, le jeune n’aurait en effet pas été poursuivi par la voiture de police qui était à proximité des lieux. Une expertise confirmerait également l’absence de choc entre les deux véhicules. L’enquête doit se poursuivre et il ne nous appartient évidemment pas de nous prononcer sur le sérieux de ces premiers éléments. Les mécanismes à l’œuvre autours de la survenance de ce drame, de son interprétation hâtive et de son instrumentalisation semblent en revanche suivre une pente désormais bien connue. Une inclination aimantée par l’essor inquiétant d’une «haine anti-flics» qui mérite peut-être, quant à elle, quelques réflexions.

Qu’elle soit éprouvée par certains «jeunes» des cités, gilets jaunes, automobilistes ou autres administrés pour qui le moindre contact avec les forces de l’ordre est devenu synonyme de problème à éviter, cette «haine anti-flics» revêt aujourd’hui une multitude de visages. Allant de l’agacement à l’incompréhension, de la crainte au mépris, elle semble toujours plus attisée par les multiples lignes de fractures qui divisent notre société. Elle conduit, dans l’esprit de ceux qu’elle habite, à retenir une présomption de culpabilité permanente sur cette institution et chacun de ses acteurs. Une présomption d’autant plus irréfragable qu’elle s’appuie lourdement sur des «biais de confirmation» – ces biais cognitifs consistant à privilégier les informations et hypothèses confirmant des idées préconçues – gravés de plus en plus profondément dans les esprits.

« Les forces de sécurité intérieure sont confrontées, dans l’exercice de leurs missions, au développement d’une violence accrue à leur égard  ».

Le tribut payé par les forces de l’ordre est pourtant dramatiquement élevé. Le nombre de suicides, d’abord, inquiète en plus haut lieu. Le rapport de la Commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité intérieure déposé le 27 juin 2018 par François Grosdidier faisait déjà état, à cet égard, d’un taux de suicide 36% plus élevé que pour la population générale. L’extrême récurrence des blessures sur le terrain devrait, ensuite, inquiéter: ces derniers jours seulement, des agents ont été blessés à Paris, Saint-Denis, Sartrouville, Argenteuil, Plaisir, Châteauroux, Mulhouse, sur l’A16 dans les Hauts-de France, à Muncq-Nieurlet dans le Pas-de-Calais, dans le quartier des Moulins à Nice… Les commissariats des Ulis et de Trappes ont été attaqué, à Villeneuve Saint-Georges les forces de l’ordre ont dû faire face à des cocktails molotov, à Cannes et Saint-Christoly-Médoc en Gironde à des armes à feu, à Besançon à un hachoir et un couteau… Cette liste qu’il est inutile de prolonger est sans doute loin d’être exhaustive. Elle témoigne d’une réalité crue dénoncée par la synthèse de ce rapport parlementaire: «les forces de sécurité intérieure sont (…) confrontées, dans l’exercice de leurs missions, au développement d’une violence accrue à leur égard».

Les actes de bravoure de la police en sont occultés.

Dans le même temps, pour qui veut bien y prêter attention, on apprend qu’au Havre des policiers de la BAC ont sauvé des flammes un homme handicapé de 52 ans, qu’à Nesle dans la Somme, des gendarmes ont sauvé un enfant de 4 ans en train de s’étouffer, qu’à Toulouse, des CRS ont sauvé une femme suicidaire qui allait se jeter d’un pont, qu’à Frontignan, la police nationale de Sète a sauvé la vie d’un autre homme… Là aussi, un inventaire aux accents de panégyrique pourrait être dressé. Le souvenir de la reconnaissance témoignée par de nombreux Français au plus fort de la vague des attentats islamistes de ces dernières années pourrait aussi être rappelé. Depuis le commandant Arnaud Beltrame jusqu’à ce commissaire de la BAC entré pour braver seul avec son arme de poing les terroristes du Bataclan, les figures héroïques ne manquent pas.

Comment dès lors expliquer cette haine qui contamine si vite les médias et les réseaux sociaux, qui déclenche tant d’émeutes et de destructions? Cette appétence malsaine à déceler la prochaine affaire Théo? Ou, mieux encore, une réplique à l’affaire Zined et Bouna, ces deux adolescents tragiquement électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique dans lequel ils s’étaient réfugiés pour échapper à un contrôle de police – une affaire qui avait déclenché les graves incidents de Clichy-sous-Bois en 2005?

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