Interview

« Il faut mieux tenir compte de la dangerosité des détenus »

Le 1er août, un mois après l'évasion de Rédoine Faïd, Me Guillame Jeanson répond aux questions du Figaro sur les dispositifs de sécurité en prison et les annonces faites par la ministre de la Justice a ce sujet.

Publication
7 septembre 2018
Durée de lecture
1 minute
Média
Le Figaro

Extrait de l’interview de Me Guillaume Jeanson dans le Figaro du 1er août 2018 :

Le Figaro : Un rapport de l’inspection administrative révèle qu’il y a eu des failles de sécurité permettant l’évasion de Redoine Faïd. Par ailleurs, deux hommes se sont évadés lundi de la maison d’arrêt de Colmar par les toits. Que révèlent, selon vous, ces évasions de l’état des prisons en France?

Me Jeanson : Ces deux évasions sont très différentes. La première révèle, tout comme celle de Ferrara en 2003, le professionnalisme d’une certaine criminalité organisée. La moindre faille est exploitée pour monter des opérations quasi militaires d’exfiltration. Face à elle, les pouvoirs publics n’ont d’autres choix que d’entreprendre fréquemment de rigoureux audits de sécurité de leur organisation pour traquer la moindre faiblesse dans leurs dispositifs.

Moins exceptionnelle dans sa conception, l’évasion de Colmar n’en est pas moins inquiétante. Elle montre en effet à quoi conduit la vétusté ordinaire que génère le manque de moyens. Ces dix derniers jours, deux autres tentatives ont été déjouées: l’une à Fleury, l’autre à Villepinte. N’oublions pas non plus qu’un tiers de ces évasions moins spectaculaires sont commises par des détenus en semi-liberté qui ne regagnent pas leurs cellules.

Le Figaro : La ministre a annoncé la mise en place progressive de brouilleurs en prison. Comment se fait-il qu’une telle mesure ne soit toujours pas effective?

Me Jeanson : Autorisés depuis les années 2000, près de 800 brouilleurs sont installés en prison. Mais 10 % seulement fonctionneraient efficacement alors que plus de 50.000 téléphones portables seraient en circulation. Le problème n’est pas leur existence. C’est leur obsolescence: ils peinent dramatiquement à suivre les évolutions technologiques de la téléphonie. La Place Vendôme a pourtant fait nombre de déclarations ambitieuses, ces dernières années: Jean-Jacques Urvoas avait prévu une généralisation des brouilleurs de haute technologie. François Bayrou s’y était lui aussi montré favorable. C’est donc avec circonspection qu’est reçue ces jours-ci l’annonce d’un investissement sur six ans pour un montant de 14 millions afin de favoriser «un brouillage total dans les établissements» ciblant en priorité les prisons pour «détenus les plus dangereux».

 

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