Entre le 16 mars et le 1er avril, le nombre de détenus dans les prisons françaises aurait déjà diminué de 6.266 personnes. Si une partie de cette baisse découle évidemment de la baisse de l’activité judiciaire, une autre partie découle vraisemblablement de la mise en œuvre de cettedécision. Selon Paule Gonzalès du Figaro, 3.000 détenus auraient ainsi déjà été libérés.
A nouveau, si l’Institut attend évidemment du gouvernement qu’il prenne tous les moyens utiles pour protéger les détenus contre toute infection au Covid-19,il entend toutefois fermement mettre en garde contre les conséquences dramatiques que pourrait avoir cette libération à grande échelle. Il lance à cette fin une grande pétition nationale sur le sujet.
Lorsqu’en 1981 plus de 5000 détenus ont été remis en liberté en quelques mois, à la faveur d’un décret de grâce et d’amnistie, le taux de criminalité a en effet fait un bond l’année suivante de près de 20%.
Le cas actuel sera probablement d’autant plus grave que les suivis et contrôles nécessaires sont entravés par la période du confinement. Jean-François Forget, le secrétaire général UFAP-UNSa Justice l’a lui-même prédit : «ll y aura des ratés et pas que des repentis parmi ces délinquants qui peuvent être de gros profils».
Par ailleurs, le moment est mal choisi pour adresser un message fort d’impunité supplémentaire, alors que l’autorité des forces de l’ordre est déjà gravement émoussée au point qu’il est aujourd’hui difficile de faire respecter le confinement dans certains quartiers jugés sensibles.
Cette libération risque dès lors très fortementd’aggraver une situation sécuritaire et sanitaire dangereuse.
L’Institut entend enfin rappeler que la sous-capacité carcérale se concentre essentiellement sur les maisons d’arrêt dont la densité carcérale se chiffre à 138%. Le fait que cette décision de libération concerne pourtant également d’autres lieux de détention interroge donc sur les motivations idéologiques qui la sous-tendent.
Les densités carcérales des centres de détention et des maisons centrales, qui s’élèvent respectivement à 90% et 74%, devraient permettre d’explorer d’autres mesures qu’une simple libération à grande échelle.
L’Institut appelle par conséquent à revenir au plus vite sur cette décision.