FIGAROVOX.- Selon la journaliste Elsa Vigoureux, l’État aurait été condamné à verser 500 € à Salah Abdeslam, car la vidéosurveillance continuelle dont il fait l’objet dans sa cellule serait illégale. Cette surveillance est-elle nécessaire, selon vous?
Guillaume JEANSON.- Jean-Jacques Urvoas, dernier ministre de la Justice du quinquennat Hollande, avait en effet pris, le 9 juin 2016, un premier arrêté permettant pour certaines personnes «placées sous main de justice» une surveillance toute particulière. Était alors évidemment visé le cas de Salah Abdeslam, arrêté depuis peu. Une semaine plus tard, le 17 juin 2016, il était ainsi décidé de le placer sous surveillance vidéo jour et nuit, pour une période renouvelable de trois mois. C’est cette décision qui aurait été contestée par mon confrère Franck Berton. Elle aurait en effet constitué, selon lui, une «méconnaissance grave du droit au respect de la vie privée» et un empiétement du ministre sur le domaine de la loi. Loi que Jean-Jacques Urvoas se chargeait de toute façon de faire voter au plus vite. Et ce, dès le 27 juillet 2016. Cette illégalité sanctionnée par le juge administratif n’a donc porté en réalité que sur une période extrêmement courte. Une période inférieure à deux mois. Et elle n’a concerné qu’un dispositif que le législateur est venu rapidement entériner. Cette surveillance était-elle nécessaire?
Rappelons que Salah Abdeslam est le seul survivant des attentats de Paris du 13 novembre 2015 qui ont fait 131 morts. Qu’il semble être également impliqué dans la préparation de ceux de Bruxelles du 22 mars 2016 qui ont fait 32 morts et 340 blessés. Qu’il a été arrêté à Molenbeek par la police après 125 jours de cavale. Que son arrestation a eu lieu trois jours seulement après qu’il a vraisemblablement participé à une fusillade à l’arme automatique au cours de laquelle trois policiers ont été blessés. Qu’il a été condamné l’année dernière à 20 ans de prison par la justice belge pour «tentative d’assassinat à caractère terroriste». Qu’il sera jugé à Paris l’année prochaine. Et que, loin d’afficher une posture de repenti, il n’a fait qu’osciller, depuis son arrestation, entre de rares déclarations choquantes et un mutisme absolu. Que pour cette raison, certains de ses avocats auraient même renoncé à le défendre. Comme Jean-Jacques Urvoas et comme le législateur, je pense que, devant un tel profil de terroriste, cette surveillance est nécessaire.