Le casier judiciaire chargé de Jawad Bendaoud
Le lourd casier judiciaire de Jawad Bendaoud, individu qui a fourni logé plusieurs terroristes à Saint-Denis, choque légitimement l’opinion publique qui ne comprend pas pourquoi cet homme puisse être en liberté. En novembre 2008, il est condamné à 8 ans de prison pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il avait porté un violent coup de hachoir en plein thorax à un individu mineur. A l’occasion du procès, les débats avaient permis de relever une «personnalité impulsive et très nerveuse» ainsi qu’un individu enfermé dans « un discours de déresponsabilisation ».
Jawad Bendaoud cumule 13 condamnations depuis 2010 : détention d’armes aggravée en réunion, faux et usage de faux, conduite en état d’ivresse et sous l’emprise de stupéfiants, violences conjugales, violences aggravées en réunion. Comment se fait-il qu’un individu déjà condamné pour coups et blessures ayant entraîné la mort ne soit pas en détention en cumulant 13 condamnations depuis 2010 ? En mars 2014, il est condamné à six mois de prison, puis en avril il est condamné à nouveau alors qu’il est en détention, en janvier 2015, 10 mois de prison, et en août 2015 il est encore condamné mais à une mesure alternative…
Jawad Bendaoud, symbole des carences de notre justice
Une réponse à la délinquance et à la criminalité « ordinaires » est indispensable car les liens avec le terrorisme sont reconnus. La réforme pénale, les crédits de réduction de peine et l’aménagement ab initio des peines limitent notre justice dans sa capacité à sanctionner les récidivistes. Jawad Bendaoud est un multiréitérant. Son parcours judiciaire met en lumière les carence de notre système judiciaire, notamment l’insuffisante évaluation de la dangerosité et du suivi judiciaire des criminels. L’Institut pour la Justice défend l’utilisation des échelles actuarielles d’évaluation de la dangerosité, préconisée par l’Académie de médecine, mais trop rarement faite en France.
Il faut donner à la justice les moyens d’agir
Notre justice pénale engorgée ne peut plus faire face à cette criminalité, et des profils comme ceux de Jawad Bendaoud sont nombreux. Il faut donner à la justice les moyens d’agir vite et fermement. Des mesures s’imposent comme le renforcement des JIRS (juridictions interrégionales spécialisées). La lutte contre l’économie parallèle (trafics d’armes et de stupéfiants, prostitution) est indispensable pour assécher les sources de financement de la criminalité et du terrorisme. L’exécution des les peines dans leur ensemble (TIG ou prison ferme) est essentielle pour la crédibilité à la justice. Pour cela, la construction de 20 000 à 30 000 places de prison est cruciale. L’application de la tolérance zéro et de la «tactique de la vitre brisée» permettraient de restaurer la sécurité des biens et des personnes et de redonner toute sa crédibilité à l’autorité républicaine.