Tribune

« La délinquance de masse dans les campagnes fait basculer la France dans une nouvelle insécurité »

S’appuyant sur les chiffres du ministère de l’Intérieur, le délégué général de l’Institut pour la justice Pierre-Marie Sève estime que les campagnes françaises ont vu la délinquance et la violence augmenter fortement dans la quasi-totalité des départements en 2020.

Publication
19 janvier 2021
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

L’arrivée de la délinquance de masse dans les campagnes fait définitivement basculer la France dans une délinquance endémique, c’est à dire durable et incurable avec les méthodes actuelles. Depuis la fin des Trente Glorieuses, la France s’était habituée à un schéma simple: la délinquance semblait s’arrêter aux portes des villes. Avec des taux de criminalité 3 à 4 fois plus élevés dans les départements urbanisés que dans ceux plus ruraux, la campagne faisait office de zone protégée.

Tous les indicateurs confirment ce qui paraît logique: la délinquance augmente fortement avec la taille de l’unité urbaine. Pour illustration, le taux de coups et blessures en 2019 est de 5,3 actes pour mille habitants dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants mais ce taux décroît régulièrement jusqu’à atteindre 1,9 pour mille dans les communes rurales.

Quand la campagne rattrape la ville

Mais, il y a de sérieuses raisons de penser que ce fossé salutaire entre la ville et la campagne est en passe d’être sérieusement réduit. Les campagnes françaises, dont les niveaux de criminalité étaient restés beaucoup plus près des taux des années 1960, ont vu leurs niveaux de délinquance augmenter fortement dans la quasi-totalité des départements en 2020. Ce sont les chiffres du ministère de l’Intérieur: +8% de hausse des violences dans l’ensemble des zones gendarmerie, et même +10% des coups et blessures volontaires.

Pour, dès maintenant, couper court à une trop simple explication, le confinement et son exode urbain ne peuvent être considérés comme des causes suffisantes. En effet, les statistiques des dernières années montrent une augmentation continue, par exemple, des coups de blessures volontaires, et ce sur tout le territoire depuis l’année 2013. Nous assistons même à une accélération depuis 2016: +8% en 2018, +8% en 2019. Confinement ou pas confinement, la tendance ne date pas de cette année.

En 1964, le taux de criminalité était de 12 crimes et délits pour mille habitants, un taux près de cinq fois moins important qu’aujourd’hui. (..)

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