Tribune

«La prison est criminogène» : le faux départ de Christophe Castaner

Dans une tribune publié dans le FigaroVox, le porte-parole de l'Institut pour la Justice, Me Guillaume Jeanson, commente l'arrivée de Christophe Castaner et les mots prononcés par le Ministre de l'Intérieur sur RTL.

Publication
5 novembre 2018
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson :

«Je suis intimement convaincu que mettre en prison un jeune homme pour une première faute n’est pas la bonne solution parce que je crois que la prison est criminogène».Jusqu’à ces quelques mots prononcés sur RTL, l’entrée en fonction du nouveau ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’était à peu près déroulée convenablement. Était-ce grâce à l’appui précieux de Laurent Nuñez, Secrétaire d’État nommé à ses côtés, réputé fin connaisseur de ces sujets que le nouveau ministre ne feignait pas même, quant à lui, de connaître?

Est-il vraiment fréquent, comme le ministre semble vouloir le laisser supposer, de«mettre en prison un jeune homme pour une première faute»? La réponse est négative. Même si cette fréquence est évidemment tributaire de ce qu’on entend par «faute» et par «jeune». Elle dépendra en effet de savoir si nous sommes en présence d’une incivilité, d’un délit ou d’un crime. De savoir si l’auteur de l’infraction est majeur, mineur de 16 à 18 ans ou seulement de moins de 16 ans…

Notons ainsi par exemple que, l’année dernière, sur les 170 186 affaires traitées de délinquance des mineurs, on compte, parmi les 59 350 mesures ou sanctions prises par les juges des enfants et les tribunaux pour enfants, seulement 5 249 peines d’emprisonnement ferme. Et si l’on se réfère aux derniers chiffres de l’administration pénitentiaire suivant lesquels 816 mineurs seraient actuellement détenus, on peut aisément supposer qu’une bonne partie de ces peines d’emprisonnement sont de toute façon aménagées pour éviter la prison. En ce qui concerne les jeunes majeurs, pour la sanction desquels le recours à l’incarcération est bien sûr plus fréquent, l’incarcération – rarissime pour un premier forfait – n’interviendra généralement qu’en présence d’une gravité suffisante. Pour s’en faire une idée, prenons ces chiffres de l’Angleterre et du Pays de Galles où le taux d’incarcération est très supérieur au nôtre (ce qui laisse imaginer des chiffres sans doute plus conséquents encore en France): 70 % des peines de prison prononcées en 2016 l’ont été à l’encontre d’individus déjà condamnés au moins sept fois et 50 % des peines l’ont été à l’encontre d’individus déjà condamnés au moins 15 fois. Seuls 8 % des condamnés étaient des primo-délinquants et toujours pour des délits graves.

Partager

partager sur Facebook partager sur Twitter partager sur LinkedIn envoyer par email

À consulter également