Alors qu’un livre de témoignages vient de sortir sur Anne-Lorraine, Philippe Schmitt nous parle de son combat pour éviter la récidive des délinquants sexuels.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Philippe Schmitt. On vit avec notre douleur et notre chagrin. On est entouré par la famille, les amis. Perdre un enfant, c’est comme une amputation sans prothèse possible. J’ai des nuits courtes et beaucoup d’insomnies. Dès que je n’ai pas l’esprit pris par quelque chose, j’y pense.
Un livre est sorti vendredi dernier. Est-ce un hommage à votre fille ?
Les deux auteurs de l’ouvrage ont collecté des témoignages. Nous avons découvert plein d’anecdotes sur notre fille et des facettes d’elle que nous ignorions : elle avait son jardin secret, elle était espiègle et avait beaucoup d’humour. Pour nous, ce livre s’est révélé bouleversant. Les témoignages les plus forts sont ceux des étudiants du Celsa (NDLR : l’école de journalisme d’Anne-Lorraine). Ils nous ont offert un DVD sur lequel sont enregistrés leurs exercices radio et télé et où l’on voit ma fille.
Quel est votre combat pour éviter la récidive des délinquants sexuels ?
Nous avons été révoltés de nous rendre compte que la République avait remis en liberté quelqu’un de violent et dangereux : il a recommencé le même acte, au même endroit, dans le RER D. Nous avons rencontré sa première victime qu’il a violée et blessée. J’ai quatre autres enfants dont deux filles et je veux qu’elles puissent prendre les transports en commun sans risques. On doit rediscuter des remises de peine : on ne négocie pas avec les criminels, et il faut envisager une véritable perpétuité à leur encontre.
Comment comptez-vous agir ?
Avec l’association l’Institut pour la justice, nous avons lancé une consultation début septembre sur la réforme du système judiciaire. Nous avons reçu 25 000 réponses. Nous en publierons les résultats et les transmettrons au garde des Sceaux.