Tribune

Les policiers sont des humains comme les autres.

Les manifestations violentes et autres guet-apens à base de cocktails molotovs ne doivent pas permettre à la police de faire l’économie d’une vraie remise en question après le traitement réservé à Michel Zecler, analyse Pierre-Marie Sève. Le délégué général de l’Institut pour la Justice (IPJ) y voit la conséquence d’un temps de formation réduit.

Publication
1 décembre 2020
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

À la faveur de la Loi sécurité globale, d’une vidéo montrant des violences policières contre Michel Zecler, ou encore de l’import de problèmes raciaux venus d’Outre-Atlantique, le climat médiatique actuel est particulièrement orageux pour la police et pour les hommes derrière l’institution.

Prises une par une, les violences policières contre ce producteur noir, celles contre les Gilets jaunes, contre même la pacifique Manif pour Tous il y a quelques années, sont réelles. Elles sont choquantes et elles n’ont pas leur place dans une institution censée protéger les citoyens français. En effet, il n’est pas difficile de concéder que la police étant une institution humaine, c’est-à-dire constituée d’hommes et de femmes, dérape et fait des erreurs, parfois graves.

Mais ces actes ont tous un contexte, d’abord immédiat bien sûr, dans le feu de l’action, mais également un contexte plus général, une atmosphère pourrait-on dire. Ces actes de violences peuvent trouver une première explication dans les changements des modalités de recrutement de la police. Alors que les effectifs policiers étaient en baisse constante depuis 2006, la vague d’attentats de 2015 a poussé les gouvernements à recruter à tour de bras, ce qui a contribué à fragiliser la structure de la police.

Au lieu des 12 mois de formation avant 2015, les policiers recrutés aujourd’hui n’en font que 8.

Ces dernières années, le nombre de recrutements dans la police a ainsi augmenté et parallèlement, la durée de formation a été réduite. Selon les chiffres de la police nationale, d’un concours annuel avec 2% de candidats recrutés en 2010, nous sommes passés à deux concours par an, et 16% de candidats recrutés en 2018. Dans le même temps, le temps de formation en école a été réduit. Au lieu des 12 mois de formation avant 2015, les policiers recrutés aujourd’hui n’en font que 8.

Dernier changement depuis le quinquennat Hollande, l’Ile-de-France, réputée difficile, concentre de plus en plus les recrues inexpérimentées avec pour conséquence un taux d’encadrement de recrues par des gradés plus faible de moitié par rapport à la moyenne nationale. Plus de recrues moins bien sélectionnées, moins bien formées et moins bien encadrées, voilà qui peut expliquer des dérapages.

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