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Pierre-Marie Sève dans le Figarovox : «Pourquoi l’Europe doit s’inspirer du modèle australien contre l’immigration illégale»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Face au flux important de migrants, l’Australie a opté pour une politique migratoire stricte depuis une vingtaine d’années. Des mesures pragmatiques et populaires qui pourraient inspirer l'Europe, estime Pierre-Marie Sève, directeur de l’Institut pour la Justice.

Publication
24 juillet 2023
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

LE FIGARO. –  Face au flux important de migrants, l’Australie a opté pour une politique migratoire stricte depuis une vingtaine d’années. Des mesures pragmatiques et populaires qui pourraient inspirer l’Europe, estime Pierre-Marie Sève, directeur de l’Institut pour la Justice.

Pierre-Marie SÈVE. – Une mer à traverser, des milliers de migrants venus de pays en développement, des trafiquants d’êtres humains sans foi ni loi: voici une situation qui semble toute familière aux Européens depuis quelques années et qui semble parfois insoluble. C’est également la situation qu’a connue l’Australie en 2001. Pourtant, dans ce cas précis, l’Australie a réussi à pratiquement éradiquer toute immigration illégale grâce à un modèle ambitieux, iconoclaste et controversé. Sa ligne dure fait désormais figure de modèle.

Tout a commencé en septembre 2001 lorsqu’un signal de détresse est détecté au large de l’Indonésie. Un bateau cargo norvégien répond à l’appel et embarque à son bord 400 réfugiés qui se trouvaient sur un navire de pécheurs, principalement des hommes afghans. Alors que le navire met le cap sur l’Indonésie voisine, une délégation de réfugiés se rend dans la cabine du capitaine et le convainc de plutôt rejoindre l’Australie, qui possède non loin de là une minuscule île, l’île Christmas.

Le capitaine norvégien accepte et demande aux autorités australiennes l’accès au port. Et c’est là, avec le refus des autorités australiennes, que l’affaire «Tampa» commence. Grâce aux médias, le public australien assiste, pendant plus d’une semaine, au bras de fer entre le gouvernement australien et l’équipage du Tampa. John Howard, le premier ministre libéral refuse toute concession, malgré un flot quasi unanime de critiques du monde entier. Sa ligne est résumée par ces mots qu’il prononce à la télévision: «Nous déciderons qui entrera en Australie et dans quelles circonstances »

“En 2010, soit près de dix ans après le début de l’opération, 62% de la population soutenait toujours la « Pacific Solution » (qui a changé de nom en 2013).”
Pierre-Marie Sève

Après huit jours de tensions, le capitaine du navire déclare l’état d’urgence et entre illégalement dans les eaux territoriales australiennes. Les forces spéciales australiennes sont alors immédiatement lancées pour aborder le bateau et elles en prennent le contrôle sans résistance. Dans la foulée, les migrants sont transférés dans des centres de rétention, sur le petit État souverain de Nauru, lequel est largement subventionné par l’Australie pour l’occasion. Toute cette affaire pose les prémices opérationnelles et idéologiques de la «Pacific Solution», la méthode anti-immigration illégale à l’australienne. Dans les heures qui suivent l’affaire Tampa, le parlement australien fait voter un projet de loi anti-immigration illégale qui se décompose en deux parties.

C’est d’abord un problème juridique qui est réglé. Tous les territoires du Nord australien sont ainsi exclus du droit habituel en matière de migration. Les passeurs sont prêts à utiliser la souveraineté australienne sur des petites îles clairsemées? Alors, ces îles n’offriront plus le droit migratoire habituel: entrer sur ces territoires n’offre plus les garanties judiciaires classiques et n’offre aucun droit en tant que réfugié ou demandeur de visa.

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