Tribune

«Plan prison» : Nicole Belloubet, héritière de Christiane Taubira ?

Me Guillaume Jeanson, porte-parole de l'Institut pour la Justice, commente dans une tribune pour le FigaroVox le "plan prison" annoncé par le gouvernement. Il émet de sérieux doutes quant aux conséquences de ce plan sur la surpopulation carcérale.

Publication
13 septembre 2018
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson dans le FigaroVox :

« Pièce de choix de la future loi de programmation de la justice, le gouvernement dévoile enfin son fameux «plan prison». Celui-ci s’inscrit dans la lignée des annonces formulées par Emmanuel Macron lors de sa visite à l’École nationale d’administration pénitentiaire en mars dernier. Le Président y annonçait alors qu’il ne tiendrait pas sa promesse de construire 15 000 nouvelles places de prison au cours de son quinquennat: seulement 7 000 places devraient voir le jour. Cette promesse non tenue inquiète d’autant plus que la situation des prisons ne cesse de se dégrader: au 1er août dernier, 70 519 personnes étaient détenues dans les prisons françaises pour seulement 59 870 places opérationnelles. Soit, en comptant les places non utilisées pour diverses raisons pratiques, près de 15 000 détenus en surnombre.

e garde des Sceaux nous annonce aujourd’hui qu’avec ce «plan prison» qui devrait comporter une révision de l’échelle des peines, la population carcérale devrait baisser de 8 000 personnes. 15 000 détenus en surnombre, 7 000 nouvelles places construites au lieu des 15 000 promises et une révision des textes pour compter 8 000 détenus en moins… Le gouvernement chercherait-il à compenser – autrement – les nouvelles places promises qui vont manquer à l’appel? Chercherait-il son salut dans une idéalisation de l’alternative à la prison? S’empêtrer dans une telle voie avait pourtant lourdement grevé le bilan pénal du quinquennat précédent.

Certes, avec la volonté de développer le travail d’intérêt général et le recours aux dispositifs de surveillance électronique, l’accent semble davantage mis, cette fois-ci, sur l’effectivité et la modernité des peines alternatives. Des peines évidemment utiles lorsqu’elles sont adaptées. Mais cela sera-t-il suffisant? L’examen détaillé de ce que devrait chambouler cette redéfinition de «l’échelle des peines» permet hélas d’en douter. Cette nouvelle échelle des peines devrait en effet entraîner, d’une part, la suppression des peines inférieures ou égales à un mois d’emprisonnement. Elle devrait poser, d’autre part, le principe suivant lequel les peines d’emprisonnement inférieures à six mois devront être exécutées hors les murs. »

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