Tribune

Plus inquiétante encore que la hausse des violences en 2019: l’inertie du gouvernement

Guillaume Jeanson est avocat au Barreau de Paris et porte-parole de l’Institut pour la justice.

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Face à l’explosion de la délinquance en 2019, Guillaume Jeanson dénonce l’inaction des pouvoirs publics qui refusent de voir la réalité d’une société française de plus en plus violente.

Publication
22 janvier 2020
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de l’entretien de Me Guillaume Jeanson dans le FigaroVox

FIGAROVOX.- En 2019, les faits de délinquance ont à nouveau explosé (+ 8 %), incluant notamment les coups et blessures volontaires, violences sexuelles, etc. Le nombre d’homicides a augmenté aussi dans une proportion similaire. Cette augmentation vous surprend-elle?

Guillaume JEANSON.– Non, cette augmentation ne me surprend pas. Ces chiffres sont mauvais. Ils sont même inquiétants. Mais ce qui l’est davantage, c’est le silence et l’inertie du pouvoir devant ce phénomène. Un phénomène profond de retour des violences dans notre pays, que nous dénonçons hélas depuis trop longtemps, et dont ces chiffres confirment l’existence cette année encore. Un phénomène pourtant nié par tous ceux qui continuent de n’y voir qu’un «sentiment» ou qu’une «intolérance croissante à la violence».

La hausse significative du nombre d’homicides est à elle seule symptomatique.

Parmi tous les indicateurs que vous mentionnez dans votre question, la hausse significative du nombre d’homicides est à elle seule symptomatique. L’argument d’une diminution (ou plus récemment d’une stagnation) du nombre d’homicides – qui repose d’ailleurs souvent sur une comptabilité «oubliant» les nombreuses «tentatives d’homicides» pour en minimiser l’importance – a trop longtemps permis, en effet, de jeter un voile pudique sur cette évolution qui devrait au contraire alarmer les pouvoirs publics. Il y a six mois seulement, un grand quotidien national s’appuyait encore principalement sur la prétendue «diminution constante» du nombre d’homicides pour tenter de démentir une «omniprésence de l’«hyper»violence» à laquelle «la litanie glaçante des faits divers laisse croire».

Le criminologue Alain Bauer qui publie ces jours-ci pour l’Institut pour la Justice une étude sur le retour des homicides dénonce pourtant à l’inverse «une brutale accélération en 2015 (2 805 victimes suite aux attentats du 13 novembre), et qui se poursuivra jusqu’en 2018 avec 3 168 faits enregistrés (niveau le plus élevé en 35 ans et deuxième plus mauvais bilan de la statistique moderne des homicides) dont 84 règlements de comptes (niveau le plus élevé en 10 ans) et 67 mineurs victimes.» Selon lui, «le bilan publié en début 2020 par le service statistique du ministère de l’Intérieur confirme (…) cette dégradation avec une augmentation du nombre de victimes d’homicides (incluant les coups et blessures suivis de mort) de 12,4 % en un an, battant ainsi le tragique record de 1983 (3 562 faits contre 3 183) et devenant le pire résultat depuis 1972 en nombre brut et le troisième par rapport à la population avec un taux de 5,32 pour 100.000 habitants contre 5,68 en 1983 et 5,42 en 1986.»

Pour une comparaison plus récente, retenons enfin que ces chiffres font de 2019 «une année plus meurtrière que celle des attentats du Bataclan ou celle de la tuerie de la promenade des Anglais à Nice, sans attentat majeur.»

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