Tribune

Policiers attaqués dans l’Essonne : notre tribune dans le FigaroVox

«La société est en proie à un délitement généralisé de l’autorité»

La police a subi de violentes agressions venant de bandes organisées, le week-end dernier dans l’Essonne. Pour le délégué général de l’Institut pour la Justice, Pierre-Marie Sève, la justice est trop souvent laxiste.

Publication
19 avril 2021
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

La police ne fait en effet plus peur. Au-delà des exemples qui pullulent dans l’actualité, un chiffre symbolise ce phénomène, c’est la multiplication par deux, en 15 ans, du nombre de policiers blessés en mission. Ils étaient 3 842 en 2004, ils sont 7 399 en 2019.

Une cause principale peut être retenue: l’autorité au sens large n’est plus respectée. Que ce soit à l’école, dans la rue ou même dans les familles, l’autorité est en crise depuis une quarantaine d’années et ceci se répercute sur les rapports des citoyens avec la police.

Ce sont d’abord les fondements de l’autorité qui ont été sapés. Le mouvement libertaire des années 1970 a dédaigné l’autorité et a culpabilisé ceux qui la portent. Ce mouvement libertaire est progressivement devenu tout-puissant et ses effets ont pris racine.

La Justice n’est pas seulement coresponsable, car à bien des égards, elle organise elle-même l’impunité.

L’affaire Michel Zecler a prouvé à nouveau qu’aucune faute, réelle ou imaginaire, n’est permise à l’autorité, à la différence des délinquants qui n’ont eux aucune limite. L’autorité a donc été culpabilisée, attaquée et sa légitimité a été rabaissée.

Pas étonnant dans ce cas de voir chaque semaine des centaines d’individus s’attaquer à la police. Faire le siège d’un commissariat au mortier d’artifice est possible aujourd’hui parce que ces individus ne respectent pas l’autorité et ils n’en ont pas peur. Ça n’était pas possible il y a 30 ans.

Si l’autorité ne fait plus peur, c’est non seulement parce qu’elle a été sapée dans ses fondements, mais c’est aussi parce que le mécanisme de l’autorité a été vicié.

L’autorité fonctionne en deux temps. Il y a d’abord l’autorité qui stoppe le comportement inapproprié, la police, puis l’autorité qui donne une conséquence négative à ce comportement, la justice. Sans cette conséquence négative, le délinquant qui a eu un comportement inapproprié ne peut pas méditer sa faute, pire il ne peut même pas la comprendre.

Son inconscient n’enregistre pas que cet acte ne doit pas être commis à nouveau. Il met donc en danger la vie d’autrui en répétant ses actes mais il met également sa propre vie en danger. Il ne pourra pas avoir de vie professionnelle ou de famille normale s’il passe par la case tribunal régulièrement.

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