Extrait de l’entretien de Me Guillaume Jeanson avec Atlantico.
Atlantico: Au-delà d’une rémunération insuffisante (et non assumée, au regard des heures supplémentaires non payées), quelles sont les carences de l’État en matière de reconnaissance des forces de l’ordre ? A ce titre, que dit le discours des autorités – de ce gouvernement et des précédents – de la reconnaissance des forces de l’ordre ?
Guillaume Jeanson: De même que, dit-on, il n’existe pas d’amour mais uniquement des preuves d’amour, il n’existe probablement pas ici de reconnaissance mais uniquement des preuves de reconnaissances. Ce qui signifie que les gouvernants ne peuvent pas espérer combler ce besoin de reconnaissance simplement en vantant en public les admirables qualités de nos forces de l’ordre. Il faut que les actes suivent, c’est-à-dire qu’il faudrait que les gouvernements soutiennent effectivement les policiers et les gendarmes dans leur vocation première, qui est de lutter contre la délinquance. Ce n’est pas qu’une question de moyens en l’occurrence, c’est aussi une question de consignes et d’attitude. Les forces de l’ordre n’en peuvent plus d’arrêter toujours les mêmes individus « bien connus des services de police » que la justice répugne ou ne parvient que difficilement à enfermer, parce que les prisons sont pleines à craquer ou bien parce que certains magistrats -minoritaires heureusement- estiment que les criminels sont des victimes d’un certain ordre bourgeois. Ils n’en peuvent plus de constater que le pouvoir politique parait se soucier bien plus de la vie des délinquants que de la leur, et qu’un policier mort les inquiète bien moins qu’un « Théo » qui se répand dans les médias. Ils n’en peuvent plus de se voir enjoindre par leur hiérarchie de « ne pas provoquer » dans certains quartiers, c’est-à-dire d’abandonner le terrain (et ses habitants) aux voyous.