Interview

Pourquoi la question de la politisation de la justice française est devenu un enjeu brûlant pour notre démocratie

​Me Guillaume Jeanson, porte-parole de l'Institut pour la Justice, répond aux questions d'Atlantico ​après les perquisitions menées chez Jean-Luc Mélenchon et au siège de La France insoumise.

Publication
17 octobre 2018
Durée de lecture
1 minute
Média
Atlantico

Extrait de l’interview de Me Guillaume Jeanson :

Atlantico : Mur des cons, Pénélopegate, mise en examen de Marine le Pen et maintenant de nombreuses perquisitions chez La France insoumise qui condamni une cabale politique. Les éléments ne manquent pas pour évoquer la politisation de la justice française. Comment éviter ce procès-là selon vous qui, quel qu’en soit la réalité, affaiblit la justice et la démocratie ?

Guillaume Jeanson : La politisation d’une partie de la justice française existe. Certaines dérives syndicales qu’on retrouve de manière emblématique avec des affaires telles que celle du tristement célèbre « mur des cons » du syndicat de la magistrature entachent malheureusement la nécessaire image d’impartialité qui doit présider à la fonction de juger.

Pour cette frange de la justice, heureusement minoritaire, la question se pose évidemment. Mais à l’inverse, il va de soi que l’impunité ne saurait être la règle pour les puissants et que, pour ces derniers aussi, la justice doit pouvoir faire son œuvre. Il va de soi que les citoyens sont en droit d’attendre de ceux qui se présentent à leur suffrage qu’ils respectent les lois. Ces évidences rappelées ne doivent pas, cependant, nous interdire de nous interroger quant à la soudaineté, à la précipitation et à l’orchestration de ce qui peut s’apparenter parfois à de magnifiques opérations de déstabilisation de mouvances politiques d’opposition. Est-ce le cas ici ? Ce serait présomptueux de l’affirmer même si certains ont pu pointer la coïncidence de calendrier avec ce remaniement tant attendu. Avant de se permettre de douter de la rectitude de magistrats, il convient bien sûr de disposer d’éléments solides et pour cela d’avoir une connaissance précise du dossier passé au crible, ce qui -vous l’aurez compris- n’est pas mon cas.

Vous évoquez le Penelopegate et la mise en examen de Marine le Pen. Dans la première affaire, ce qui pour mémoire frappait le citoyen, c’était la rapidité. Le 25 janvier 2017, le Canard Enchaîné publiait ses révélations. Le même jour, le parquet financier se saisissait de l’affaire sans attendre la réaction de François Fillon. Moins d’un mois après, le 24 février, était ouverte une information judiciaire et le candidat était convoqué le 15 mars pour être mis en examen, alors que le 17 mars est la date limite retenue pour le dépôt des parrainages et le 20 mars, celle d’un grand débat télévisé… Dans l’affaire des emplois fictifs de ce qui était alors le Front National, ce qui frappait, c’était la manière avec laquelle, sans cette rapidité, le calendrier judiciaire donnait tout de même l’impression d’interagir opportunément avec celui de la présidentielle. En effet, alors que le parquet s’était saisi le 30 mars 2015, une information judiciaire avait été ouverte en décembre 2016 et la mise en examen de Catherine Griset, chef de cabinet de Marine Le Pen, n’était intervenue que le 22 février 2017. De quoi faire s’élever quelques voix qui hurlèrent à l’instrumentalisation politique de la justice.

 

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