Rodéos urbains:
FIGAROVOX. – Dans le Calvados, un maire a reçu un coup de matraque en voulant arrêter un rodéo urbain qui se déroulait dans sa commune. Comment les forces de l’ordre peuvent-elles agir face à ce phénomène récurrent ?
Pierre-Marie SÈVE. – Une solution vient tout de suite à l’esprit mais elle doit être directement écartée. Cette solution est l’aggravation des sanctions pénales. Comme pour le trafic de drogue, les sanctions contenues dans le Code pénal aujourd’hui sont déjà suffisamment lourdes. Une loi avait ainsi été votée puis promulguée en procédure accélérée durant l’été 2018 car, déjà, ces rodéos posaient problème.
Cette loi aggravait les sanctions contre les auteurs de rodéos urbains et prévoyait jusqu’à 5 ans de prison en cas de rodéo motorisé sous l’emprise de stupéfiants.
Malheureusement, cette loi n’a eu aucun effet pour enrayer le phénomène car ces sanctions ne sont que des plafonds. Ceux-ci ne sont jamais atteints car les magistrats sont encouragés, par les différentes lois pénales, à ne jamais prononcer de peines de prison.
La loi de 2018 n’était donc qu’un effet de communication et toute autre loi aggravant les peines s’expose au même risque.
Rodéos urbains: Officiellement, la consigne est de rester à distance et de mener des enquêtes a posteriori pour éviter les situations difficiles pour les policiers. Ce travail d’enquête occupe du temps de travail des policiers et entraîne des délais répercutés dans la phase judiciaire.
Actuellement, les forces de l’ordre n’interviennent que très peu en flagrant délit lors des rodéos urbains. Elles ont pour consigne de ne pas provoquer d’incident.
Officiellement, la consigne est donc de rester à distance et de mener des enquêtes a posteriori pour éviter les attroupements et situations difficiles pour les policiers. Ce travail d’enquête occupe du temps de travail des policiers et entraîne des délais répercutés dans la phase judiciaire.
Ces difficultés, les délinquants les connaissent et en profitent. Ils roulent sans casque, multiplient les comportements dangereux au volant, le tout sans craindre la police, et surtout sans craindre la Justice.
C’est le deuxième aspect fondamental du problème. Lorsque les policiers remontent aux auteurs des rodéos urbains et les interpellent, ils sont très peu condamnés ou bien condamnés à des peines dérisoires.
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