Opinion

Sentiment d’insécurité: les Français ont-ils raison d’avoir peur? Réponse de l’IPJ

Sputnik consacre un article très détaillé à l'étude de l’Institut pour la Justice sur le sentiment d'insécurité. La conclusion est sans appel : les statistiques sur le temps long reflètent bel et bien l’accroissement des violences en France.

Publication
6 février 2020
Durée de lecture
1 minute
Média
Sputnik

Ils se promenaient le soir, quai Claude Bernard à Lyon. Ils ont soudain été entourés d’une dizaine de jeunes individus. Le ton est monté et la bagarre a éclaté. Tout ça pour des téléphones portables. La police municipale a repéré l’altercation sur son système de vidéosurveillance et une équipe de la police municipale s’est dépêchée sur place, à temps pour procéder à l’interpellation de sept mineurs, âgés de 16 à 17 ans. Heureusement, les petites frappes n’ont cette fois blessé personne. Mais pour ces promeneurs, l’insécurité sera désormais davantage qu’un sentiment.

Les sondages relèvent immanquablement le «sentiment d’insécurité». Ainsi 64% des Français confiaient l’éprouver en octobre 2018 (baromètre Odoxa-Fiducial), ou encore 63% des Parisiens, le soir dans le métro (Ifop, janvier 2019).

«Le sentiment d’insécurité»: une expression qui aurait «tronqué le débat» sur la sécurité, selon l’Institut Pour la Justice (IPJ). À trop se focaliser sur ce sentiment, forcément subjectif, les médias comme les opposants au «tout sécuritaire» ont de facto retardé la prise de conscience de la montée des violences en France. Car il est aisé d’évacuer des craintes, jugées non fondées ou fantasmagoriques. L’IPJ a voulu mettre un terme à l’incertitude, dans un rapport sur le sujet publié le 4 février et signé par Laurent Lemasson, Docteur en droit public et science politique, responsable des publications à l’institut.

+79% de tentatives d’homicides en une décennie

Bien sûr, tous les voyants sont au rouge dans le dernier rapport Interstats/ministère de l’Intérieur, publié au début du mois de janvier. En 2019, 30 faits de coups et blessures ont eu lieu chaque heure en France. Soit 714 par jour et, en tout, 260.500 pour l’année 2019. Une hausse de 8% depuis l’année précédente et une multiplication par cinq depuis 2010. Et à cela faut-il ajouter une hausse de 9% des homicides: il en advient trois par jour, soit 970 par an. Ou encore près de 63 viols par jour, soit 22.900 par an. Une augmentation de 19 points. Mais cette explosion pourrait n’être que circonstancielle.

Certains minimisent l’insécurité. Il est certain, les statistiques sont sujettes à caution. Ainsi le sociologue Laurent Mucchielli, longuement critiqué par l’IPJ, estime-t-il dans ses ouvrages récents que nous «vivons l’époque la moins dangereuse de notre histoire». Comparant le taux d’homicide contemporain avec celui du Moyen-Âge, et considérant que chaque génération estime que son époque est pire que la précédente, il relativise l’insécurité et surtout l’utilisation des peurs à des fins politiques. Dans la période récente, Mucchielli fait remarquer que les homicides ont augmenté dans les années 70 et 80 avant de baisser à partir du milieu de la décennie 90. Il serait donc bien inutile donc de s’affoler.

L’Institut Pour la Justice (IPJ) a tenté de saisir le problème par les cornes. Non seulement le «sentiment d’insécurité» est légitime, il serait de surcroît avéré. Bien sûr, les statistiques en la matière sont pour le moins instables. Elles varient, elles sont soumises à la définition des crimes et des délits, mais aussi aux instructions données aux forces de l’ordre et à l’institution judiciaire. Ainsi, l’augmentation des crimes et délits enregistrés peut dès lors simplement refléter une action plus intense de la police. Et donc être interprétés par certains comme le reflet d’une société répressive.

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