Entretien

«Situation explosive des banlieues: ne nous trompons pas de diagnostic!»

Me Guillaume Jeanson, porte-parole de l'Institut pour la Justice, réagit aux propos de Vélerie Pécresse qui juge la situation de banlieues "explosive". En répondant aux questions du FigaroVox, il met en avant l'insuffisance des réponses politiques et judiciaires face au communautarisme et à la délinquance.

Publication
28 février 2019
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de l’entretien avec Me Guillaume Jeanson :

Comment recréer une cohésion nationale dans ces territoires que certains jugent «perdus»? La réponse est-elle seulement affaire de politique sociale? Quels sont les ressorts du communautarisme?

Recouvrer cette cohésion est nécessaire pour endiguer ce phénomène de «désintégration», voire de «désassimilation», décrit très justement par Georges Bensoussan. Mais s’imaginer que la réponse est seulement, comme vous l’écrivez, «affaire de politique sociale», est un leurre. Et un leurre dangereux. L’échec de la politique de la ville a été patent. Et nombreux sont ceux à l’avoir dénoncé. Des sommes astronomiques ont été englouties sans que jamais ne recule la délinquance. Bien au contraire. Et ceci s’explique par une erreur de diagnostic. Cette politique repose en effet sur le postulat que la pauvreté crée la délinquance. Or, si la délinquance crée bien de la pauvreté, la réciproque est aujourd’hui battue en brèche par des criminologues. Parmi eux, Maurice Cusson, qui a ainsi critiqué l’inanité des coûteux programmes de «prévention sociale»: «pendant plus d’un demi-siècle, la vie de groupe et l’organisation de loisirs ont été utilisées pour prévenir la délinquance: sports d’équipe, camps d’été, clubs de prévention, groupes de discussion. Après toutes ces tentatives, on cherche en vain une seule évaluation scientifique démontrant que de telles opérations font reculer la délinquance. En revanche, on en trouve plus d’une qui montre qu’elles sont inefficaces ou carrément nuisibles.» Toute cette énergie aurait mieux valu être déployée au soutien des méthodes de prévention dites «développementales». Ces méthodes visent notamment à contenir une impulsivité qu’on retrouve trop souvent à la source de la délinquance. Leurs fruits sont manifestes.

Les politiques sociales ne donnent donc pas réponse à tout. Et elles constituent parfois un redoutable cheval de Troie du communautarisme. Bernard Ravet, cet ancien principal de collèges difficiles de Marseille, a pu en témoigner: «peu à peu, on a assisté à un retour à la religion, via certaines associations d’accompagnement social dans les quartiers sensibles.». Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, va même plus loin en évoquant une véritable compromission du pouvoir avec les Frères musulmans pour acheter la paix: «c’est eux que l’Etat a sollicités quand il y a eu des émeutes urbaines à Clichy-sous-Bois, en décembre 2005, en leur demandant de faire une fatwa anticasseurs pour arrêter le chaos des banlieues. Cela a été l’erreur la plus monumentale que j’ai jamais vue. (…) Avoir laissé les jeunes et les banlieues complètement abandonnés à ces radicaux est absolument ahurissant!»

Partager

partager sur Facebook partager sur Twitter partager sur LinkedIn envoyer par email

À consulter également