Une délinquance en perpétuelle augmentation
Car oui, c’est véritablement un désastre et chaque année qui passe, l’état sécuritaire de la France devient plus inquiétant. Mais la situation est loin de dater du quinquennat d’Emmanuel Macron, et il serait injuste de lui jeter, à lui seul, la pierre. En réalité, un peu d’historique de la délinquance et de la criminalité font réaliser que le problème est bien plus profond.
Sans surprise et fidèlement à l’image qu’on en a, le taux de criminalité, qui mesure le nombre de crimes et délit par habitant était faible entre 1945 jusqu’à la fin des années 1960. C’est la décennie 1970 qui a marqué une première très forte hausse de la délinquance. On peut y trouver tout de suite 3 causes combinées : d’abord, l’arrivée d’un mode de vie consumériste qui a un effet sur les atteintes aux biens, vols, cambriolage en tout genre, puis l’inévitable immigration, qui a un lien maintes fois prouvé avec la hausse de la délinquance. Et enfin, troisième cause, l’idéologie laxiste qui a innervé l’ensemble du système judiciaire à partir de mai 1968 et surtout pendant les années 1980.
Depuis les années 1980, le niveau de délinquance mesuré par le taux de crimes et délit a fluctué à un niveau très élevé, traduisant là un véritable changement de mentalité profond qui a eu lieu dans la société française. Alors que pendant longtemps, les Français laissaient les clés sur le contact de la voiture pour chercher le pain à la boulangerie, ils ont appris à fermer leurs portes à clé, à baisser les yeux devant une personne inquiétante, à installer des systèmes d’alarme chez eux. Ils ont pris acte de la montée de la violence et ont adapté leurs comportements. Statistiquement, c’est le plateau atteint à la fin des années 1980.
Parallèlement, la délinquance s’est transformée. Après avoir très fortement augmenté dans les années 1980, le nombre d’homicides a marqué une baisse incontestable, revenant quasiment au niveau des Trente Glorieuses. Mais parallèlement, les agressions physiques et les violences sexuelles ont connu une hausse continue depuis le milieu des années 1980.
Derrière cette tendance au long cours, qui remonte aux années 1960, cette violence qui s’était stabilisée, au moins dans le volume, jusqu’au début des années 2010, connait à nouveau une très forte hausse depuis le début des années 2010. Aujourd’hui, la plupart des indicateurs sont au rouge.
Explosion des atteintes aux personnes
Depuis 2010, les vols, recels et autres atteintes aux biens continuent leur baisse (à l’exception notable des cambriolages). Mais dans le même temps, les atteintes aux personnes connaissent une véritable explosion.
Les agressions, connues scientifiquement sous le nom de « coups et blessures volontaires », n’ont connu à peu près aucune année sans hausse depuis 1984. Elles ont plus que doublé depuis l’an 2000 (+142%). Les violences sexuelles ont doublé depuis 2012, et il serait très dangereux de mettre cette hausse sur le seul compte de la libération de la parole… Enfin, les homicides et tentatives d’homicide ont été multipliés par 2,2 depuis 2008. Oui, c’est un désastre.
Malheureusement, cette évolution est particulièrement inquiétante en ce qu’elle semble être relativement spécifique à la France. La plupart de nos voisins européens n’ont pas connu pas cette hausse de la violence et de la délinquance. Pire, la quasi-totalité de nos voisins européens connaissent même une baisse sans précédent de la violence depuis les années 1980-1990. Pour comparaison, à populations relativement équivalentes, il y a eu 863 homicides en France en 2020, année de confinement, contre 782 en Allemagne, 298 en Espagne et 285 en Italie…
Face à ce phénomène objectif, quantifié et par ailleurs ressenti par une large majorité de Français, comment répondent les pouvoirs publics ?
Réponse tardive des pouvoirs publics
La prise de conscience est souvent tardive. Alors que le thème agite régulièrement les campagnes présidentielles, aucun Président de la République ne peut se vanter d’avoir véritablement lutté en profondeur contre la délinquance.
Le bilan du dernier quinquennat est clairement mauvais en la matière. Loin d’avoir stoppé la montée des violences, il l’a peut-être même encouragée par une action publique hasardeuse ou inefficace. Rappelons que Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a libéré, de manière anticipée, entre 5 000 et 8 000 prisonniers au moment du confinement. Rappelons qu’Emmanuel Macron avait promis la construction de 15 000 places de prison en un quinquennat, nous n’avons pas atteint les 3 000… Rappelons encore que toutes les instructions faites aux magistrats par le ministère depuis 5 ans ont prescrit aux magistrats d’éviter le plus possible le recours à la prison…
Nous sommes donc loin de la reprise en main qui s’imposerait. Cette reprise en main concerne évidemment la police, mais d’abord et avant tout la Justice qui encourage l’impunité et donc l’insécurité. Elle nécessiterait de changer en profondeur l’idéologie qui entoure le système judiciaire pour revenir aux solutions rationnelles et pragmatiques qui s’imposent : peines planchers systématiques, fin des réductions de peine à gogo, construction de milliers de places de prisons ou encore expulsion des délinquants étrangers.
La route est longue, mais la campagne présidentielle est une période d’espérance. Alors espérons !