Tribune

Violences ordinaires: «C’est toute la chaîne pénale qui est mise en cause»

Plusieurs faits divers sanglants ont endeuillé récemment l’actualité. L’avocat Guillaume Jeanson pointe du doigt la faiblesse de la réponse pénale ; les résolutions politiques sont là: place à l’action, plaide-t-il.

Publication
28 août 2019
Durée de lecture
1 minute
Média
FigaroVox

Extrait de la tribune de Me Guillaume Jeanson dans le FigaroVox

On trouvera toujours des voix pour expliquer que les « violences gratuites » n’existent pas.

Jusqu’où? Jusqu’où la violence «ordinaire» continuera-t-elle de gagner du terrain? Cet été, elle s’est introduite dans les lieux les plus insolites, endeuillant même les rangs de la restauration. Le 16 août dernier, le serveur d’un restaurant de Seine-Saint-Denis a ainsi été mortellement blessé par balles par un client mécontent, selon les premiers éléments d’enquête, que son sandwich n’ait pas été préparé assez vite. À peine cinq jours plus tard, dans le même département, un gérant de bar de soixante-six ans était tué à coups de poing. Pourquoi? Parce qu’il avait simplement fait correctement son travail en refusant de servir un client ivre.

On trouvera toujours des voix pour expliquer que les « violences gratuites » n’existent pas.

Ces «faits divers» terrifient autant qu’ils interrogent. Ils font sinistrement écho à toutes ces autres affaires où se mêlent aussi horreur et incompréhension, ces affaires qui assombrissent déjà l’année 2019: celle de cette jeune femme de 21 ans mortellement poignardéedans une rue de Marseille pour son téléphone portable ou encore celle de cet adolescent de 17 ans également poignardé à mort dans les rues de Paris pour sa trottinette… Ils font écho à l’absurdité effrayante de ceux de l’année précédente. Ainsi de ce père de famille de 43 ans massacré devant ses trois enfants à Tours pour une banale histoire de place de parking ; de cet homme de 50 ans poignardé à mort dans un bus après une simple altercation ou encore de cet autre qui s’est retrouvé entre la vie et la mort après avoir reçu des coups de pic à brochette pour une simple réflexion dans une boucherie. Faut-il encore poursuivre cette énumération en évoquant le cas de ces jeunes qui avaient quant à eux trouvé la mort en sortie de boîte de nuit? L’un à Rennes battu à mort par six agresseurs de 19 ans qui avaient porté 95 % de leurs coups à la tête. L’autre tué d’un coup de couteau devant une boîte de nuit de Meylan en Isère…

Bien sûr, il se trouvera toujours des analystes pour relativiser ces faits divers en affirmant qu’il n’existe aucune aggravation et que contrairement au ressenti, ces faits demeurent des exceptions. Il se trouvera également toujours des voix pour expliquer doctement que les «violences gratuites» n’existent pas et qu’elles ne sont en réalité qu’un élément de rhétorique politicienne servant des fins sécuritaires et démagogiques.

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