Rencontre

25 mars 2016

Rencontre avec la structure EDVO pour malades dépendants

Il existe un lien indéniable entre la délinquance, la criminalité et la toxicomanie; c’est pour essayer de mieux comprendre les parcours thérapeutiques et judiciaires des personnes dépendantes que les représentants de l’Institut pour la Justice ont poussé les portes d’EDVO.

Mardi 22 mars, les représentants de l’Institut pour la Justice a rencontré l’association Espoir Du Val d’Oise (EDVO)  au sein de leur structure d’accueil située à Montmagny dans le Val d’Oise. 

 

L’association EDVO a été créée par Jean-Paul Bruneau, ancien policier de la brigade des mineurs et de la brigade des stupéfiants. Ce dernier explique avoir pris conscience lors de ses fonctions du cruel manque en France de structures adaptées pour la prise en charge efficace des malades dépendants.

La méthode « Modèle Minnesota »

Spécialisée depuis plus de 27 ans dans la prise en charge des personnes ayant un problème d’addiction à l’alcool et à la drogue, cette structure s’appuie sur une méthode d’accompagnement inspirée du Modèle « Minnesota ».  Largement répandue dans les pays anglo-saxons, cette méthode a plusieurs spécificités :

Elle repose sur le sevrage du malade pour lui permettre de devenir abstinent (aujourd’hui, la norme en France est la thérapie par substitution, qui consiste à prescrire aux toxicomanes des médicaments en remplacement des drogues prises).

L’approche des patients est globale et s’articule autour d’une équipe multidisciplinaire ; la prise en charge thérapeutique et sociale, l’auto-gestion des émotions, la préparation à une autonomie durable pour permettre aux patients une réinsertion sociale et professionnelle sérieuse.

La structure d’accueil à Montmagny

Le centre que l’Institut pour la Justice a visité accueille une trentaine de pensionnaires, qui habitent en moyenne un an dans l’ancienne menuiserie reconvertie en véritable maison où la vie en communauté est régie par les règles de la vie en famille et de la responsabilisation. La force du groupe, de l’entraide et de la motivation collective a une part très importante dans le rétablissement des pensionnaires. Des thérapeutes, eux-mêmes abstinents, assurent un suivi rapproché et une travailleuse social travaille à la logistique des réinsertions.

Les témoignages des résidents EDVO rencontrés lors de la visite sont unanimes : ce mode de prise en charge et l’abstinence totale sans produit de substitution est l’approche la plus constructive et efficace pour leur pathologie. Certains ont déjà tenté des cures auparavant, EDVO représente leur dernier espoir. Jean-Paul Bruneau nous explique que les résultats sont au rendez-vous puisque plus de 2 personnes sur 3 ne rechuteront pas. Depuis la création du centre, pas moins de 1650 personnes ont été accueillies.

Rencontre avec des pensionnaires

Parmi elles, l’Institut pour la Justice a rencontré un ancien pensionnaire abstinent « depuis 20 ans et cinq mois », venu témoigner le jour de la visite devant les résidents actuels. L’échange entre malades est primordiale pour la guérison, l’association l’a bien compris et s’appuie aussi très fortement sur le réseau des « Alcooliques Anonymes » et des « Narcotiques Anonymes » dont le système de parrainage et d’entraidde est un maillage précieux.

La rencontre avec les pensionnaires est aussi l’occasion de parler du parcours judiciaire de chacun d’eux. La plupart ont eu affaire à la Justice et ont été condamnés. Les récits sont parfois édifiants : une ancienne toxicomane a été condamnée à 15 injonctions de soins, mais il n’y a jamais eu aucun suivi ! L’implication des services judiciaires doit être cohérente, le suivi des peines est d’autant plus important qu’un toxicomane qui n’est pas soigné a toutes les chances de retomber dans des travers de délinquance ou de criminalité.

L’Institut pour la Justice invite les lecteurs intéressés à se rendre sur le site d’EDVO pour y trouver tous les renseignements relatifs à la prise de charge des malades, leur suivi et mieux comprendre la méthode du « Modèle Minnesota », trop peu connu en France aujourd’hui. La liste d’attente est longue pour obtenir une place à EDVO, le développement de ce modèle thérapeutique semble plébiscité par les malades eux-mêmes.

 

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