Cher lecteur,
15 millions de français ont suivi le premier match de la coupe du monde de rugby entre la France et la Nouvelle-Zélande.
Pour notre pays, qui reçoit des délégations venues du monde entier à l’occasion de cet événement sportif, c’est à la fois un grand honneur et une belle fête.
Mais, comme l’on pouvait s’y attendre, la première journée de la compétition n’était pas achevée que déjà notre pays est déjà pointé du doigt pour son insécurité.
Et en effet, à Bordeaux, à l’issue du match entre l’Irlande et la Roumanie, une irlandaise de 37 ans a été violée en pleine rue par trois criminels rapporte le journal 20 minutes.
Il était 23 heures, un soir de semaine. Elle rejoignait son logement AirBnB en centre ville…
Un voisin a entendu ses cris. Les criminels se sont enfuis. Et la victime a été hospitalisée. Elle a porté plainte depuis.
Désormais, la police recherche les trois criminels…
Mais déjà, j’entends d’ici les voix de ceux qui minimisent ce fait divers. Les entendez-vous ?
Ils disent toujours la même chose : « ces choses-là arrivent » ou « c’est un fait isolé ».
Bordeaux devient un coupe gorge !
Mais pour les habitants de Bordeaux, ce crime vient confirmer l’ensauvagement que subit la ville depuis.
Traditionnellement, Bordeaux, comme Nantes, était une des villes les plus calmes de France.
Lors de l’élection présidentielle 2022, la ville a placé Jean-Luc Mélenchon à 29%, talonnant d’un cheveu Emmanuel Macron…
Mais cette vision angélique des bordelais produit ses premiers effets.
Vous vous en souvenez peut-être : il y a quelques mois, la vidéo d’une agression sauvage d’une femme de 73 ans avec sa petite-fille de 7 ans faisait le tour des réseaux sociaux et révoltait toute la France.
Entre janvier et juin 2023, le nombre de coups et blessures (c’est-à-dire d’agressions) dans la ville a augmenté de 32% selon la police. (1)
En 2022, les atteintes à la personne ont augmenté de 15% et en 2023, l’augmentation, sur les premiers mois de l’année, est de 12%.
C’est une progression rapide et ininterrompue des atteintes aux personnes !
Des rapports de plus en plus tendus avec la police
Cette hausse spectaculaire s’accompagne d’un autre phénomène inquiétant : les voyous sont de plus en plus armés. (1,2)
Ils se promènent avec des taser ou des armes blanches. Je vous rappelle que, selon Le Figaro, il y a 120 attaques au couteau par jour dans notre pays !
Ce niveau de violence dans une ville traditionnellement calme est une révolution pour les habitants.
Et la police est obligée, elle aussi, d’avoir recours aux armes non létales. À ce sujet, une policière locale a expliqué dans la presse (1) :
« Les fonctionnaires sont contraints d’utiliser davantage ces armes non létales, car les gens qu’ils doivent interpeller ou maîtriser sont plus agressifs et plus violents. Cela est très nouveau à Bordeaux, presque du jamais-vu »,
En mai 2021, la tension était même montée d’un cran lorsqu’une patrouille de policiers avait été prise à partie par un groupe d’une trentaine de personnes. (3,4)
La brigade avait été attaquée au gaz lacrymogène et des feux d’artifices ! (5)
Le temps où Bordeaux était la destination de rêve pour les policiers juste avant la retraite semble loin !
La population s’adapte comme elle peut !
Depuis 2017, la criminalité n’a fait qu’augmenter dans la ville.
Et les habitants en ont plus qu’assez. Les commerçants sont sur les nerfs et le tourisme pourrait reculer. (5)
Les jeunes de la ville sont du reste parfaitement conscients du phénomène. Désormais, pour rentrer chez eux le soir, ils forment des groupes.
Tout le monde est aux aguets. Voilà quelque chose que la supportrice irlandaise ne savait probablement pas…
Que doit faire la ville ? Que doit faire l’État ?
Désormais, la ville souhaiterait disposer de plus de policiers, ce à quoi l’État par le truchement de la préfète s’oppose.
L’État insiste plutôt sur une augmentation de la vidéo surveillance.
La ville pourrait aussi signer avec l’État un Contrat de Sécurité Intégrée (CSI), censé améliorer la coopération entre les administrations, notamment entre la police et la justice.
Ce dispositif adopté dans le libournais voisin semble porter quelques fruits.
Il permet notamment de mieux identifier les fauteurs de troubles locaux.
Mais tous les dispositifs du monde ne changeront pas ce que les faits montrent à longueur de temps : l’insécurité baisse lorsque la justice est efficace.
À Bordeaux, comme ailleurs, ce qui fera baisser l’insécurité, c’est une réponse judiciaire rapide, fiable et claire.
Et pour cela il faut construire plus de places de prison et appliquer les peines prononcées.
Si cela s’accompagne de dispositifs locaux facilitant le dialogue entre les uns et les autres, pourquoi pas.
Mais la priorité reste avant tout la sécurité des citoyens français et donc la fermeté de la Justice.
Avec tout mon dévouement,
Axelle Theillier
Présidente de l’Institut pour la Justice
Références
(1) https://www.lepoint.fr/societe/bordeaux-la-securite-revient-sur-le-devant-de-la-scene-23-06-2023-2525877_23.php#11
(2) https://actu.fr/nouvelle-aquitaine/bordeaux_33063/insecurite-bordeaux-change-de-methode-face-a-la-delinquance_59759391.html
(3) https://www.20minutes.fr/bordeaux/3047643-20210524-bordeaux-patrouille-police-prise-partie-aubiers
(4) https://actu.fr/nouvelle-aquitaine/bordeaux_33063/a-bordeaux-les-policiers-ne-savent-plus-comment-faire-pour-retablir-l-ordre-aux-aubiers_50886545.html
(5) https://www.alternativepn.fr/les-policiers-pris-dans-un-guet-apens