Chère Madame, cher Monsieur,
Lorsque Joël et Corinne ont décidé de changer de pays et partir vivre au bord de la mer, ce n’était pas par plaisir.
Ils ont quitté leur maison du Gers dans laquelle ils habitaient depuis très longtemps ; ils ont laissé leurs enfants et leurs petits-enfants ; abandonné leur vie sociale, leurs amis et leurs habitudes.
Mais ils n’ont pas eu le choix.
Le 22 août 2009, leur fils Jérémy, alors âgé de 19 ans, est tué par une bande qui le frappe et le poignarde à 7 reprises. Ce déferlement de violence et cette mort si brutale anéantissent la famille.
L’enquête démarre. 6 personnes sont mises en cause et le principal accusé, suspecté d’avoir donné le coup mortel, est alors mineur. Il a 17 ans et 11 mois au moment des faits… Il est le seul poursuivi pour homicide.
Les autres, âgés de 21 à 34 ans, sont poursuivis pour violences aggravées en réunion ayant entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à 8 jours.
Pourtant, en attendant le procès, les suspects sont libérés les uns après les autres et même le principal accusé.
Explication donnée par la justice à l’époque : un vice de forme qui a permis l’annulation pure et simple des aveux en garde à vue.
La raison de cette annulation ? la réforme de la garde à vue qui impose la présence d’un avocat tout au long des auditions, et qui a été appliquée en France de façon rétroactive.
Aucun avocat n’était présent quand il a avoué, la procédure repart donc à zéro. Et l’accusé ne dira, bien sûr, plus rien.
Au final, il écope de 15 années de prison. Deux de ses co-accusés sont condamnés à 4 ans et 3 ans de prison, dont 1 avec sursis. Les poursuites à l’encontre des 3 autres accusés sont abandonnées.
C’était en 2013, et depuis…ces derniers ont tous été libérés et sont venus s’installer dans le voisinage de Joël et Corinne.
Pire, ces délinquants se pavanent sous leurs fenêtres alors que Joël et Corinne tâchent de faire bonne figure malgré la colère.
Je les ai rencontrés personnellement, et leur sang-froid force l’admiration…
Corinne tombe même un jour nez à nez avec l’un des meurtriers de son fils à la boucherie… Digne, elle ne scille pas.
Mais elle connaît son mari et vit dans la peur que Joël commette un jour un geste regrettable à force de se faire narguer.
Alors, Corinne prend la décision de partir. Ils vont laisser Jérémy reposer dans le cimetière de leur village. Ils vont quitter leur fille et leurs deux petites-filles qui habitent à quelques minutes.
Cette décision leur brise le cœur. Ils en ont la boule au ventre, mais ils n’ont pas le choix, leur vie ne peut pas être brisée une 2e fois.
Corinne doit empêcher le drame qui pourrait arriver.
Aujourd’hui, Joël et Corinne se sont installés dans un autre pays, au bord de la mer, à des centaines de kilomètres du Gers.
La France n’a pas su protéger leur fils. Elle n’a pas su les protéger, eux. Alors ils partent sans regret.
Coralie, elle, a changé de département.
Coralie a perdu son fils de 17 ans, Lionel. Et le chauffard cocaïnomane qui l’a renversé est revenu s’installer à côté de chez elle, après avoir purgé une peine dérisoire.
Il s‘est installé dans la même rue. Tandis que Lionel, lui, est mort.
Le chauffard récidiviste, sans permis, sous alcool et cocaïne qui l’a tué a passé 18 mois en prison.
Puis il est rentré chez lui, comme si de rien n’était.
Alors Coralie ne s’est pas posée de questions. Elle a quitté les Pyrénées Orientales où elle est née et a grandi et elle habite désormais à 300 kilomètres, dans le Tarn.
Tout ça pour ne pas recroiser tous les jours celui qui a tué son fils.
« Nous sommes partis à 20 kilomètres de chez nous »
Il y a quelques jours, la chaîne CNews parlait d’un couple et de leurs six enfants. Ils ont été obligés de quitter leur appartement dans l’Aisne, pour aller habiter 20 kilomètres plus loin.
Car oui, les dealeurs qui se sont installés dans la cage d’escalier de leur immeuble ont gagné. La mère de famille a essayé de s’opposer à eux, mais en vain…
« Je leur avais demandé de partir. J’ai eu le bras cassé. Ils ont tiré mon mari dans les escaliers et m’ont écrasé les jambes. »
Dans ces conditions, il n’y a pas 36 solutions : il faut céder et partir.
Pourtant, le chef du trafic, n’a que 19 ans. En novembre, quand il agresse ses voisins, il est même sous contrôle judiciaire !!
Et cerise sur le gâteau, il a été jugé hier pour cette affaire, 2 autres agressions, un refus d’obtempérer et une conduite sans permis.
Ce jeune délinquant est une bombe à retardement. Un danger public à qui la justice va distribuer pendant des années des deuxièmes chances, des dixièmes chances, des vingtièmes chances…
Je prends les paris : dans quelques mois à peine, il sera de retour à son poste dans sa cage d’escalier pour continuer son trafic et pourrir la vie des gens.
Avez-vous remarqué que lorsque des criminels ou des délinquants ont purgé leur peine, ils n’ont plus de comptes à rendre à personne ?
Pourtant, les vies qu’ils ont brisées n’ont pas été réparées par leur sortie de prison.
Loin s’en faut.
Comment doivent vivre Joël, Corinne, ou Coralie en voyant se pavaner sous leurs fenêtres les hommes qui ont tué leur fils ?
Comment doit vivre ce couple de l’Aisne en enjambant chaque jour les dealeurs qui les insultent et les frappent ?
Les victimes sont-elles condamnées toute leur vie à subir ?
On leur demande de ne pas faire de vagues, de comprendre leur agresseur, de ne pas l’entraver dans sa réinsertion…
Il y a quelques années à Asnières-sur-Seine, Charlotte, 25 ans, avait été agressée sexuellement à la sortie du métro par un homme qui l’avait forcée à lui faire une fellation.
10 mois plus tard, stupeur, elle croise son agresseur dans son hall d’immeuble, il habite en fait 2 étages au-dessous de chez elle !!
La jeune femme a été très forte et n’a rien lâché pour que la Justice prononce une mesure d’éloignement d’un incroyable laxisme : une interdiction de séjourner à Asnières pendant au moins deux ans.
C’est mieux que rien, voilà ce que se disent les victimes…
L’éloignement des auteurs de crimes et de délits devrait être systématique. Cela relève même du bon sens. Si vous avez tué le fils de vos voisins, tout le monde comprend qu’il ne faut pas revenir sous leurs fenêtres.
La perte des valeurs touche tous les pans de notre société. Mais quand l’inhumanité touche la justice, les conséquences sont graves.
Tout le monde n’a pas le courage et la force de Joël et Corinne.
La Justice doit faire son travail. Et c’est exactement ce pour quoi l’Institut pour la Justice se bat. Qui peut accepter que la Justice de son pays demande à la victime des efforts qu’elle n’oserait pas demander à son bourreau ?
Ni vous, ni moi.
C’est pourquoi, je vous demande de nous soutenir dans notre action en cliquant ici. Il m’est impossible, seule, de changer le système judiciaire. Mais si vous m’aidez, nous le pouvons.
L’IPJ doit continuer à se battre pour remettre du bon sens dans la politique pénale, pour faire entendre ses arguments et pour résister. Nous sommes le seul mouvement de citoyens qui travaille pour restaurer la Justice.
Aussi, je vous demande d’aider l’IPJ en nous faisant un don. Soutenez notre travail ! Faites partie des Français qui s’engagent pour la Justice en cliquant ici.
Notre poids et notre efficacité ne dépendent que de vous.
Avec tous mes remerciements,
Axelle Theillier
Présidente de l’Institut pour la Justice
PS : au moment où je vous écris, je viens de recevoir une vidéo glaçante filmée par la caméra d’un interphone vidéo d’immeuble. Une grand-mère et sa petite fille se font agresser en plein cœur de Bordeaux et en pleine journée par un délinquant.
Il les frappe toutes les deux, la fillette n’a pas 8 ans, et les jette par terre pour dérober un téléphone.
J’aimerais savoir qu’elles vont bien aujourd’hui. J’aimerais connaître le pedigree de leur agresseur. La Justice doit cesser de mépriser les victimes et punir les délinquants. Il y a urgence.