Plaidoyer en faveur du modèle néerlandais
Les questions autour de l’application des peines et de la redéfinition du rôle de la prison font aussi réfléchir les participants. L’avocat Guillaume Jeanson, porte-parole de l’Institut pour la justice, conseille de regarder le modèle néerlandais, qui a l’un des taux d’incarcération les plus bas en Europe (55 détenus pour 100 000 habitants, contre 123 dans la moyenne européenne), mais aussi un taux de criminalité en fort recul ces dernières années. La recette du « pragmatisme » des Pays-Bas : un recours accru aux peintes courtes, voire très courtes, mais rapidement effectuées.
Quand la peine moyenne atteint 8 à 10 mois en France, elle n’est que de 2 à 3 mois aux Pays-Bas. Les systèmes de mises à l’épreuve ou d’intérêts généraux y sont aussi bien plus développés. En France, « la peine de prison intervient tard dans le parcours du délinquant », observe l’avocat. « Il y a une accumulation de peines symboliques, qui conduisent les détenus à s’enfermer dans la délinquance ». François-Noël Buffet opine. « L’une des choses qu’il faut faire évoluer, c’est le regard que porte la population à l’égard de la sanction pénale, pour qui seule la détention est utile. » Pour le sénateur du Rhône, celle-ci ne doit plus être « la seule » solution.
Les modèles à l’étranger vont-ils servir d’exemple, ou de source d’inspiration, pour les sénateurs dans l’avenir ? Rien ne semble exclu. « On n’a plus d’excuses. Il y a des pays qui ont l’expérience. Il faut mettre l’idéologie de côté, qu’on soit de droite, de gauche, de l’ancien monde ou du nouveau monde », résume Bruno Retailleau.