Le dimanche 5 juillet 2020, Philippe Monguillot conduit son bus, comme toujours depuis plus de 30 ans, à Bayonne.
A 14 heures, il refuse deux de ses futurs meurtriers au motif qu’ils n’ont pas acheté leur ticket de transport. Aimable et serviable, Philippe sort pourtant de sa cabine et indique aux jeunes où et comment prendre leur ticket de bus à la borne.
Le reste de l’après-midi se déroule normalement pour Philippe, sous le soleil du Sud Ouest.
Tout bascule à 19 heures.
Les deux individus refusés auparavant reviennent accompagnés d’un autre homme, ils sont visiblement alcoolisés et drogués. Ils montent à l’arrêt de bus de la gare. Un quatrième et dernier homme les rejoint à l’arrêt Balishon.
Perturbateurs dans le bus, Philippe sort de sa cabine et reconnaît dès lors les premiers qu’il avait refusé en début d’après midi. Il leur demande aussi de porter le masque, obligatoire dans les transports en commun.
C’est à ce moment précis que la situation dégénère. Les quatres hommes s’en prennent alors violemment à Philippe, ils l’insultent, le menacent, l’invectivent. Tous se retrouvent en dehors du bus. Deux des voyous, Wyssem M. et Maxime G., jettent Philippe au sol. Ils le frappent violemment au corps et à la tête. Malgré ses graves blessures, il se relève pour se protéger dans son bus, jusqu’à ce qu’un des meurtriers retourne lui asséner un dernier coup de poing, avant de prendre la fuite, en laissant l’homme de 58 ans inconscient au sol.
Un automobiliste, pompier volontaire, s’arrête et tente de lui faire les premiers soins, avant que les secours n’arrivent. Arrivé à l’hôpital, son pronostic vital est engagé, il est déclaré en état de mort cérébrale.
Le 10 juillet 2020, soit cinq jours après l’agression, Philippe succombera à ses blessures à 17h30.
Très rapidement, les deux auteurs du meurtre, âgés respectivement de 23 et 24 ans, sont mis en examen pour d’abord pour « tentative d’homicide volontaire » requalifié ensuite d’« homicide volontaire » suite au décès de Philippe Monguillot. Les deux autres, de 34 et 39 ans, sont arrêtés pour « non assistance à personne en danger ».
Tous sont placés en détention provisoire.
Début novembre 2020, les deux prévenus mis en examen pour « non assistance à personne en danger » sont remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire.
Qu’est-il arrivé aux meurtriers ?
A peine sorti de détention, l’un des deux hommes mis en examen pour non assistance à personne en danger est à nouveau arrêté.
Il ne faudra pas attendre plus d’une semaine pour que l’homme de 34 ans agresse la femme qui l’hébergeait chez elle. Il est alors de nouveau placé en détention provisoire, d’où il sortira au bout de seulement 2 mois.
Moins de deux mois plus tard, il a de nouveau affaire à la Justice.
Cette fois-ci, il est arrêté pour « vol et rébellion » sur un livreur, tout en ayant insulté les policiers qui venaient de l’interpeller. Il est alors placé en détention, puis, il en ressort, quelques mois plus tard.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, il vient récemment d’être interpellé -encore une fois- pour vol. Il a été condamné à 10 mois de prison, peine qu’il purge encore aujourd’hui…
Le multirécidiviste navigue donc depuis 2 ans entre liberté conditionnelle et détention provisoire de quelques mois. Il semblerait que les 28 mentions dans son casier judiciaire ne soient pas encore assez lourdes pour le condamner à une longue peine.
Son complice, aussi inculpé pour non assistance à personne en danger, se trouve actuellement dans un foyer non loin de Bayonne, à Biarritz. L’individu, en situation irrégulière sur le territoire français, n’a en revanche pas récidivé depuis sa sortie de détention en novembre 2020.
Le parquet de Bayonne retient la qualification de meurtre aggravé pour les deux meurtriers !
Ce vendredi 29 avril, le journal local “la République des Pyrénées” a dévoilé que le parquet de Bayonne, après la réunion de nombreux témoignages de passagers, retiendra la qualification de “meurtre aggravé”.
En effet, les vidéos de surveillance et les témoins sont catégoriques : les deux inculpés pour meurtre “visaient la tête”, comme le déclare très clairement un passager du bus en question.
Par ailleurs, Wyssem, qui a porté le coup final au chauffeur de bus, a lui même reconnu vouloir “en finir” avec sa victime. Il a pu dire “C’est monté comme ça, dans ma tête, je me suis dis: termine-le”.
Cette qualification de meurtre aggravé est un réel soulagement pour la famille de la victime. Effectivement, toute la question était de savoir quelle qualification aurait retenu alors le juge.’il s’agissait bien d’un meurtre aggravé, dans ce cas là les meurtriers encouraient la perpétuité, et s’il s’agissait de “ violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner” , les deux hommes risquent jusqu’à 20 ans de prison.
Les deux meurtriers sont encore en prison à l’heure actuelle, et ce, malgré les demandes de remises en liberté formulées par l’un d’entre eux. Il estime n’avoir porté que des coups « légers », expliquant aussi qu’il « avait essayé d’empêcher ça, et avoir tout fait pour les séparer ». La chambre d’instruction de la Cour d’appel de Pau a estimé que cette défense ne tenait pas à la vue des éléments du dossier.
Le procès devrait avoir lieu cette année. Il sera, à coup sûr, très suivi…