Cher lecteur,
Notre étude sur l’exécution des peines commence à faire parler d’elle dans les médias.
Rappelez-vous, en février, un doctorant en droit, Nicolas Bauer, rendait cette étude.
Je vous en parlais car Le Figaro y avait consacré un dossier. (1)
Les 2 grandes conclusions de cette publication sont que :
– 41% des condamnés ferme ne mettent pas réellement les pieds en prison. Leur peine est aménagée d’emblée. Malgré cela, elle est considérée comme « exécutée » par la Justice.
Nous vivons dans le mensonge permanent. Notez qu’une partie de ces délinquants sont des récidivistes voire des multirécidivistes.
– En moyenne, les condamnés à la prison ferme n’effectuent que 62% de leur peine. Ces peines sont systématiquement aménagées, c’est-à-dire réduites.
Ce temps aménagé peut être l’occasion pour un délinquant de récidiver…
Et pourtant, jamais la justice, ni les responsables politiques ne sont tenus pour responsables de ces délits évitables.
La presse s’empare de notre étude !
Après Le Figaro, c’est CNews qui en parlait à l’antenne, puis Sudradio.
France Info a même repris l’information à son tour le 7 mars 2023. (3)
Les journalistes de la radio publique (Julien Pain en tête) se demandaient s’il s’agissait d’une fausse information…
Mais même le gouvernement n’a pu que confirmer nos chiffres !
Une politique industrielle de l’aménagement de la peine
La politique pro-délinquants est, d’ailleurs, assumée par les autorités. Car pour elles, ce laxisme institutionnel fait partie de la gestion des places de prison.
Ainsi, la plupart des individus condamnés à moins d’un an de prison sont renvoyés chez eux avec un bracelet électronique.
S’ils récidivent, ils iront peut-être en prison.
Notre étude cite d’autres experts comme Martine Herzog-Evans, professeure à l’université de Reims qui s’inquiétait déjà, en 2014, d’une « industrialisation de l’aménagement de la peine ». (1)
Pour elle, la possibilité d’aménager la peine répondait au principe de l’individualisation de la peine qui vise à adapter à chaque condamné la sanction.
Mais on est sorti de la casuistique depuis bien longtemps !
Il s’agit, en réalité, d’une volonté très nette de l’appareil judiciaire de casser la notion de sanction.
Elle se mêle désormais à une gestion politique des flux des condamnés.
De nombreux citoyens français ignorent la réalité judiciaire de leur pays
Car nos responsables politiques savent très bien qu’il faudrait construire davantage de prisons ou agrandir celles qui existent.
Mais le coût politique que représente ces investissements leur fait peur.
Pire, dans le fond, le sujet ne les intéresse pas.
Et la plupart des citoyens ignorent totalement à quel point la justice est laxiste.
Le jour où ils s’en rendent finalement compte, c’est lorsqu’ils y sont confrontés !
Victimes d’un crime ou d’un délit, ils s’imaginent qu’ils seront écoutés par le système judiciaire et que leur agresseur sera condamné.
Ils tombent alors de haut.
La condamnation du coupable existe dans les œuvres de fiction.
Dans l’imaginaire collectif, les méchants sont punis.
Mais, en France en 2023, les délinquants et les criminels sont souvent relâchés et parfois considérés comme étant eux-même les victimes de la société.
Le désarroi des victimes face au déni de justice
La première conséquence de cette situation est que très régulièrement des victimes voient leurs agresseur libéré.
Elles subissent de plein fouet cette décision qui est comme une deuxième agression.
C’est une forme de déni de justice organisé.
On met en scène le procès. Le prévenu passe devant le juge. Il est condamné à une peine officielle.
Les journaux mentionnent l’affaire. Elle est publicisée. Puis le condamné est libéré, ce dont personne ne parle.
La victime peut de nouveau se trouver nez à nez face à son agresseur au lendemain du procès.
L’Europe : terre de prédilection pour les voyous
La deuxième conséquence est plus générale.
Un système de justice laxiste représente une aubaine pour les groupes criminels.
Ainsi, l’Europe est en train d’être prise d’assaut par les trafiquants de cocaïne. (4)
Elle est produite en Colombie, transportée par les cartels mexicains et débarquée dans les ports d’Europe, notamment Anvers.
Et ces dernières années, le trafic de cocaïne en Europe a sensiblement augmenté.
Cela est dû à une saturation du marché américain où la justice est par ailleurs très sévère.
Les cartels misent désormais sur l’Europe dont les systèmes judiciaires sont souvent plus laxistes.
C’est d’ailleurs particulièrement vrai de la Belgique et de la France…
Le sentiment d’insécurité ne cesse d’augmenter
L’autre conséquence de cette justice factice est que l’insécurité et le sentiment d’insécurité augmentent.
Un sondage Odoxa récent, publié dans Le Figaro, fait apparaître que (5,6) :
– 62% des Français estiment que le gouvernement n’est pas à la hauteur en terme de sécurité ;
– 58% des Français pensent qu’il faudrait une collaboration entre les agents de sécurité privé et la police.
Ces chiffres sortent au moment où de nombreuses manifestations ont lieu en France et où certaines d’entre elles peuvent dégénérer.
Il y a donc un contexte social plus large que la seule question de l’insécurité et du laxisme judiciaire.
Toutefois, le fait que les Français acceptent l’idée d’une privatisation de la sécurité est inquiétant.
Cela indique que nous ne faisons plus confiance à l’État pour régler le problème de l’insécurité.
C’est le constat d’une faillite morale et opérationnelle de l’État. Et lorsque l’État ne fait pas son travail, les citoyens n’ont pas le choix que de faire eux-mêmes la Justice !
Le risque, c’est de voir ressurgir une forme de féodalité, où chacun se mettrait à l’abri du voisin le plus fort du moment.
C’est ce qui se passe lorsqu’un État s’effondre.
C’est une aubaine pour les groupes armés et les trafiquants. C’est une mauvaise nouvelle pour les Français.
Car il s’agit d’un marqueur très net d’un recul civilisationnel.
Mais les civilisations tombent et se relèvent.
C’est grâce aux citoyens vigilants et lucides comme les sympathisants de l’IPJ qu’elles peuvent se relever.
Merci pour votre soutien sans faille.
Avec tout mon dévouement.
Axelle Theillier
Présidente de l’Institut pour la Justice
Références
(1) https://www.institutpourlajustice.org/publications/etudes/peines-de-prison-ferme-quelle-execution/