Conférence-débat

30 juin 2015

Politique pénale, que faut-il faire ? : Conférence-débat avec Philippe Bilger

La conférence-débat du lundi 29 juin organisée par l’Institut pour la Justice avait pour invité le magistrat honoraire Philippe Bilger. Lors de cette soirée, il a vivement condamné la politique pénale de Christiane Taubira.

Après la conférence-débat du 16 avril avec la présence de Thibault de Montbrial, l’Institut pour la Justice organisait une nouvelle soirée le lundi 29 juin sur le thème « Politique pénale, que faut-il faire ? » avec comme intervenant Philippe Bilger. Devant 80 sympathisants de l’Institut pour la Justice réunis à la Maison des associations de Neuilly-sur-Seine, le magistrat honoraire est revenu sur la politique pénale de Christiane Taubira après trois années exercice.

Philippe Bilger a critiqué la conception de l’action pénale de Christiane Taubira qui consacre son action au sort des détenus sans considération pour les victimes. Le bilan de la garde des Sceaux est essentiellement verbal à ses yeux, ponctué d’annonces rarement suivies des faits.

Philippe Bilger a ensuite évoqué la question de la délinquance des mineurs. Christiane Taubira a annoncé une réforme de l’ordonnance de 1945 pour accentuer le caractère éducatif de la justice des mineurs au détriment du répressif, un non-sens pour Philippe Bilger.

P. Bliger _29-06-15

La soirée s’est conclue par un échange entre le magistrat honoraire et les sympathisants de l’Institut pour la Justice venus l’écouter. De nombreux thèmes ont pu être abordés comme la formation et la responsabilité des magistrats, la justice contre le terrorisme, la justice des mineurs, les actions de Christiane Taubira ainsi que le sens de la peine.

Philippe Bilger a également pris le temps de dédicacer son dernier livre Ordres et Désordres récemment paru aux éditions Le Passeur.

Retrouvez ci-dessous des extraits de cette soirée :

 

Extraits de la conférence-débat du lundi 29 juin :

La conception de l’action pénale de Christiane Taubira

« Si vous voulez bien vous rappeler des débuts de Christiane Taubira, elle va d’abord dans les prisons. Non pas pour réconforter les gardiens et les surveillants, non pas pour tenter de dessiner une politique pénitentiaire digne de ce nom, mais pour aller compatir au sort des détenus.

Je le dis avec gravité, les premiers actes d’un garde des Sceaux sont fondamentaux.  Lorsque la première démarche d’un garde des Sceaux est d’aller en prison, non pas pour pleurer implicitement sur les victimes, mais pour apporter son soutien miséricordieux à des condamnés parce que qu’il serait détenus dans des conditions épouvantables, je crois que ça marque d’emblée une certaine conception de l’action pénale.

Ceci étant dit elle n’a rien fait dans les premiers mois pour remédier à l’état lamentable des prisons car, au fond, elle a continué à les déplorer par un verbe qu’on avait peut-être trop vite salué. »

Une réforme de la justice des mineurs qui serait inappropriée

« Je pense que c’est une disposition qui est totalement inadaptée à notre réalité d’aujourd’hui. Je ne discuterai même pas sociologiquement la nature des mineurs aujourd’hui dans notre société par rapport à ceux de 1945. En tout cas, alors que la moitié semble-t-il des vols avec violences sont commis par des mineurs de 16 à 18 ans voir de moins de 16 ans, on ne peut pas dire que les mineurs d’aujourd’hui sont devenus moins « nuisibles », ceux qui ont affaire avec la justice, que ceux de 1945.

On aurait pu attendre d’un projet de loi sur les mineur qu’au moins il maintienne la disposition qui mettait à part égale l’éducatif et le répressif. On ne pouvait pas imaginer qu’un garde des Sceaux, devant l’évolution tout à fait dangereuse de cette minorité, décide d’amplifier la part de l’éducatif et de réduire le répressif. Au point même qu’à un certain moment elle envisageait de l’étendre aux jeunes majeurs. Heureusement il y a eu quelqu’un de bon sens à la chancellerie qui a dit que l’on ne peut réellement pas appliquer la libéralité du droit des mineurs à un majeur de 18 à 21 ans. Sinon, les majeurs allaient bénéficier de cela, ce qui est une aberration. »

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