Actualité

25 février 2023

Une infirmière a été tuée, mais personne n’est responsable

Notre système ne sait pas gérer les fous.

Cher(e) ami(e) de la Justice,

Carène, une infirmière mère de 2 enfants, a été tuée à l’hôpital par un déséquilibré. Il y a peu, cet homme avait déjà attaqué 4 personnes au couteau, mais avait été reconnu irresponsable

Je vous explique comment fonctionne ce système, et surtout, comment il dysfonctionne.

Piégée dans les vestiaires

Ce lundi, en début d’après-midi, Carène Thibaut, infirmière au CHU de Reims depuis 10 ans, prenait son service. Ce jour-là, l’ambiance est, pour une fois, plutôt calme à l’hôpital. 

Il y a du monde évidemment, mais quelques fois, les patients sont plus calmes, sans que l’on sache très bien expliquer pourquoi.

Carène est une de ces infirmières dévouées. Mère de famille, elle abîme sa propre santé à la tâche, à l’hôpital public. Tout cela pour répondre à sa vocation : soigner les malades.

Ce lundi, elle se rend donc au vestiaire pour mettre sa blouse.

Mais, problème, la porte ouverte du vestiaire est restée ouverte.

Alors que Carène finit de se changer, un homme fait irruption. Qui est-ce ? Que fait-il là ?

Il a un air étrange et surtout, semble murmurer tout seul.

Alors qu’il s’approche lentement, Carène remarque une lame brillante dans sa main. C’est un couteau !!

Elle n’a pas le temps d’appeler au secours que cet homme lève son couteau de cuisine et la frappe.

Il enfonce sa lame dans le torse de Carène, puis son abdomen, et frappe encore ses cuisses.

Carène se débat, hurle puis s’effondre.

Ses hurlements ont attiré une autre femme, secrétaire médicale, qui crie à son tour. Elle aussi est grièvement blessée par l’agresseur.

L’agresseur quitte alors les vestiaires et sort par la cour.

La 2e femme attaquée va mieux, a annoncé le ministre de la Santé. 

Mais Carène est morte dans la nuit de lundi à mardi, malgré tous les efforts des médecins. Elle laisse son mari et ses 2 enfants de 8 et 11 ans.

« Le suspect est irresponsable ! »

Le suspect a été rattrapé par la police quelques dizaines de mètres plus loin, alors qu’il tentait de fuir. 

Il s’appelle Franck F. (son nom complet n’est pas encore connu). C’est un homme de 59 ans, et selon les informations que j’ai obtenues, il est schizophrène.

Lundi, le journal L’Union a révélé que cet homme était déjà connu de la police (quelle surprise !). 

Oui, car en 2017, il avait attaqué 4 personnes au couteau !

Et encore pire, en 2022, il a bénéficié d’un non-lieu ! Oui, car il a été reconnu « irresponsable pénalement » selon le procureur de la République !

Il a été interné d’office pendant 3 ans seulement, mais ce lundi, il était libre et il a pu tuer.

« Alors qui est responsable ? »

En France, en principe, on ne juge pas les fous.

Selon Morgane Daury-Fauveau, professeur de droit, c’est une règle ancienne, qui date de l’empire romain.

Encore aujourd’hui, pendant l’enquête, les magistrats font appel à des psychiatres pour expertiser les suspects.

Le psychiatre peut estimer 2 choses : 

– que le suspect a un discernement altéré, ce qui constituerait une circonstance atténuante. Et donc que la peine sera réduite.

– ou que son discernement est aboli, ce qui le rendrait complètement irresponsable pénalement.

Mais lorsqu’un malade mental est reconnu irresponsable pénalement, normalement, il n’est pas lâché dans la nature. 

Il est alors hospitalisé d’office, soit dans un UMD (pour les malades les plus graves), soit dans un UHSA (pour les moins graves).

Selon le docteur Alexandre Barrata, expert de l’IPJ, les détenus préfèrent largement aller en prison qu’en UMD et « les simulateurs nous supplient très vite de retourner en prison ».

En UMD, les activités y sont obligatoires, il est impossible d’y faire entrer du cannabis et il n’y a pas de télévision dans les chambres par exemple, à la différence des prisons.

Jusqu’ici, tout va bien.

Mais il y a un gros hic à ce système…

Il n’y a pas de durée minimale

À la différence de la prison, où la peine possède une durée précise (même si elle est toujours raccourcie), les malades mentaux n’ont pas de « peine ». La durée de leur hospitalisation est donc très variable.

Tous les 6 mois, les médecins de l’UMD se réunissent et décident de la libération ou pas des malades.

Ce qui revient à donner un immense pouvoir aux psychiatres !

L’autre problème étant le manque de places en psychiatrie (comme pour les prisons, dont je vous parle souvent).

Car oui, le nombre de lits en hôpital psychiatrique a été divisé par 2 depuis les années 1990 ! La voilà la tiers-mondisation !

Pour toutes ces raisons, il y a parfois des situations aberrantes. 

Le docteur Barrata me donnait donc un exemple qu’il avait vécu dans sa carrière : un homme schizophrène qui avait tué sa femme. Reconnu irresponsable, il n’est resté que 3 ans en UMD… 

Et une fois libre, il en a profité pour poignarder sa nouvelle compagne ! Bien oui, pourquoi se priver ?!

Quelles solutions ?

Cet article avait été publié dans La Voix du Nord le 3 mai, personne n’en avait parlé. 

François Braun, le ministre de la Santé, a déclaré sur RMC qu’il exigerait désormais que les digicodes des portes des hôpitaux changent tous les 2 mois.

Braun

Encore plus fort, il exige d’éclairer les parkings !

Va-t-il bientôt fournir des gilets pare-balles pour les soignants ? Ou donner un port d’armes aux infirmières ?

En réalité, ce gouvernement tente de défendre le bilan de 30 ans d’erreurs et d’errements. 

La solution, c’est de changer le système. En mettant en place … la fermeté !

Pourquoi ne peut-on pas envisager une durée minimale de soins, en fonction du crime commis ? Pour être certain que ces criminels restent une durée minimum hospitalisés

Car cette mesure de bon sens occasionnerait une levée de boucliers des psychiatres, des avocats, des magistrats, etc…

Et puis pourquoi ne peut-on pas investir de l’argent dans des lits d’hôpitaux psychiatriques ? 

Peut-être parce qu’il faut conserver de l’argent public pour financer les 15 000€ de frais de bouche mensuel du ministère de l’Outre-mer (pour 10 salariés) ou pour financer les urinoirs solaires de la mairie de Paris ? 

Ou encore les 5 millions d’euros nécessaires pour lancer une voie de covoiturage sur l’A15 qui a été abandonnée quelques jours après son lancement ? (ces exemples véridiques sont tirés sur « Livre Noir du gaspillage 2022 » par Contribuables Associés)

Bref, les solutions existent. Il n’y a qu’à les mettre en place.

L’Institut pour la Justice a publié un entretien-fleuve avec le psychiatre Alexandre Barrata et la professeure de droit Morgane Daury-Fauveau sur la question en novembre dernier. Si le sujet vous intéresse, exceptionnellement, je vous en offre l’accès gratuitement en cliquant ici.

Cet entretien se retrouve également dans le dernier numéro de la Revue Française de criminologie et de droit pénal, éditée par l’Institut pour la Justice.

L’Institut pour la Justice est la seule association à faire entendre un autre son de cloche face à un monde judiciaire très largement engagé à l’extrême gauche.

Soutenez notre travail ! Faites un don à l’Institut pour la Justice en cliquant ici.

Je vous remercie d’avance pour votre soutien indispensable pour changer la Justice.

Avec tout mon dévouement,

Pierre-Marie Sève

Directeur de l’Institut pour la Justice

PS : Qu’avez-vous pensé de ce courriel ? Vous pouvez m’écrire personnellement, en répondant à ce courriel.

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