Dans l’espace public, dans les transports en commun, … et désormais, dans nos écoles. L’autorité ayant laissé place au laxisme, les élèves en perte de repères se permettent l’impensable vis à vis de ceux chargés d’instruire et de transmettre.
11 octobre 2021, une vidéo virale est publiée sur les réseaux sociaux dans laquelle on y voit une professeure du lycée professionnel de Combs-la-Ville, (en Seine-et-Marne) jetée au sol par un élève.
30 novembre 2021, dans le prestigieux lycée Montaigne de Paris, un élève assène plusieurs coups de poings à sa professeure qui souffre d’une plaie ouverte au front et d’hématomes.
21 janvier 2022, une professeure de sport se fait frapper devant ses élèves à Metz, par son élève âgé de seulement 12ans.
Très récemment, le 28 janvier 2022, une enseignante du lycée Uruguay- France, à Avon (en Seine-et-Marne) a été victime d’une violente bousculade en plein cours par son élève.
Cette liste – non exhaustive – des tragiques évènements se déroulant dans nos écoles tend à s’allonger depuis quelques années.
Les chiffres parlent d’eux mêmes. En 2020-2021, 64% des enseignants des écoles publiques sont victimes de violences verbales, et 29% de violences physiques, selon la note d’information du Ministère de l’Éducation nationale. Au cours de l’année 2017-2018, les chefs d’établissement des collèges déclarent en moyenne 7 incidents graves pour 1 000 élèves. Ils étaient de 8 au cours de l’année 2019, il sont aujourd’hui, estimés à 10 en 2021.
Nos enseignants sont alors la cible d’élèves violents, menaçants, insultants mais aussi de parents, qui n’hésitent plus à s’en prendre au corps professoral en dehors de l’enceinte de l’établissement. Pire encore, les réseaux sociaux s’en mêlent: en plus d’être violentés, les agressions des professeurs sont maintenant filmées dans les classes. Double humiliation.
Comment en est-on arrivé là ?
Que s’est-il passé pour que ceux qui transmettent et instruisent, autrefois respectés, soient aujourd’hui jetés au sol, agressés et molestés?
Les chiffres précités, déjà bien révélateurs d’un niveau de violence élevé dans les classes, d’autres les constatent aussi. En effet, un article dans le journal Marianne datant de Février révèle l’enquête de Geroges Fotinos, l’auteur de « Les violences et la citoyenneté en école primaire », selon laquelle 47% des directeurs indiquent qu’il y’a une augmentation des différends entre les parents d’élèves et les professeurs. Cette colère s’est accrue notamment avec la crise COVID, depuis laquelle les parents sont de plus en plus virulents. Le port du masque imposé dès le CP, la fermeture des classes pour cas positif détecté, a contribué à l’exacerbation des tensions entre les parents et les enseignants.
La crise sanitaire actuelle ne peut, toutefois, expliquer qu’en partie les tensions entre les élèves et les professeurs. En effet, la loi d’orientation de 1989, largement critiquée par Natacha Polony et Jean-Paul Brighelli entre autre, a explicitement participé à placer l’élève au centre du système éducatif, en dépit de l’enseignant. Ces nouvelles méthodes éducatives entendent porter une attention toute particulière à l’épanouissement personnel de l’enfant.
Les opposants à cette loi dénoncent ces nouvelles méthodes d’enseignement. Elles contribueraient à une « destruction de l’enseignement », selon ses détracteurs. Le « pédagogisme innovant », la « pédagogie plus douce » intuitivement défendus dans cette loi a jeté les bases de ce que le nouvel enseignement dans nos écoles doit être.
Si cela ne peut pas être l’unique cause de l’émergence de violences courantes dans les classes, ces méthodes participent, du moins en partie, au sentiment de laxisme, de « laisser-faire » des professeurs, non plus chargés d’instruire l’élève, mais de participer à son bien-être.
Il est bon de rappeler que l’école forme les citoyens de demain.
Si le sentiment d’impunité règne aujourd’hui devant nos professeurs, il sera demain flagrant devant les dépositaires de l’autorité publique.
Il est urgent d’agir maintenant pour protéger nos professeurs, former nos enfants, et semer les graines d’une société où le bon ordre et la sécurité triomphent.