Sommaire du numéro
Fidèle à sa vocation interdisciplinaire, la Revue Française de Criminologie et de Droit Pénal réunit une nouvelle fois pour son douzième numéro des contributions variées émanant de théoriciens et de praticiens du droit pénal et de la criminologie.
Pour une philosophie authentiquement pénale, l’« efficacité » de la peine est d’abord d’ordre symbolique : avant tout débat sur la légitimité ou l’utilité respectives des diverses formes de réaction ou de défense sociales, il s’agit de savoir si elles sont suffisamment à même, sur le « marché » des valeurs, d’exprimer le « cours » du crime et de son châtiment. C’est bien tout le problème du système dit encore « pénal » en vigueur, travaillé par la mauvaise conscience et la recherche d’« alibis », et qui, en particulier sous les mantras de l’« individualisation » et de la « réinsertion », brouille, voire dévitalise, l’affirmation de valeur et le message pleinement « politique » dont la peine doit être porteuse, en puissance comme en acte : d’où la nécessité et l’urgence de le reconstruire. Dominique Henri Matagrin propose donc quelques prolégomènes d’une politique criminelle en rupture avec toute une évolution contemporaine pour, à tous les stades, rétablir le crédit de la sanction.
Si le droit de se défendre avait toujours relevé de l’évidence, il a commencé, à partir du xxe siècle, à faire l’objet de vives controverses relatives pour la plupart à sa compatibilité avec l’ordre public et une justice civilisée, mais aussi avec la justice sociale. Face à ce phénomène, la question se pose de savoir s’il faut vraiment conserver l’idée de légitime défense. A cette question, Charles Rouvier répond par l’affirmative, et il nous explique pourquoi il faut défendre la légitime défense.
Seattle est en état de siège. Ces cinq dernières années, la cité d’émeraude a connu une explosion du nombre de sans-abri, de la criminalité et de la toxicomanie. Dans le même temps, la métropole de Seattle dépense plus d’un milliard de dollars chaque année pour combattre le phénomène des sans-abris. Cependant, la crise n’a fait que s’accroître, avec plus de toxicomanie, plus de crimes, et plus de campements dans les quartiers résidentiels. Christopher F. Rufo explique pourquoi les politiques publiques ont échoué et comment il serait possible de résoudre la crise des sans-abris, à Seattle comme ailleurs.
Les cybercriminels sont loin du cliché de l’adolescent surdoué enfermé dans sa chambre qui prévalait dans les années 1990. Aujourd’hui, ce sont plutôt des personnes isolées qui souvent utilisent leurs compétences en informatique à des fins criminelles plus par défi que par réelle intention de nuire, ou bien des personnes organisées en réseaux et appartenant à des groupes criminels qui vivent de leurs activités clandestines. Faten Skaf dresse le portrait de ces différentes catégories de cybercriminels, dont le nombre s’est considérablement accru avec le développement des nouvelles technologies de communication.
La loi de programmation 2018-2022 et de réforme de la justice, portée par Nicole Belloubet, a été définitivement adoptée par le Parlement le 23 mars dernier. Que faut-il penser des principales mesures contenues dans cette loi, comme la création d’un Parquet National Antiterroriste, le développement des pouvoirs du parquet, ou la création des « tribunaux judiciaires » ? Jean Pradel et Béatrice Brugère répondent chacun à huit questions pour essayer de mieux cerner les forces et les faiblesses de cette réforme de la justice.